Martial Raysse est un plasticien français né le 12 février 1936 à Golfe-Juan (Alpes-Maritimes). Il vit et travaille à Issigeac (Dordogne). Fils d'artisans céramistes de Vallauris, Martial Raysse commence à peindre et à écrire des poèmes dès l'âge de 12 ans. Après de solides études secondaires, il choisit d’étudier les lettres tout en pratiquant l'athlétisme à haut niveau, avant de se tourner vers la peinture à l'âge de 19 ans. Il commence par réaliser des assemblages de détritus
et d'objets divers présentés dans des boîtes de plexiglas. Fasciné par la beauté brute du plastique, il écume les
grands magasins à prix uniques et développe, en collaboration avec Arman,
son concept « d'Hygiène de la vision » qui met en jeu des objets
neufs en plastique de la nouvelle société de consommation. À partir de 1959, Martial Raysse utilise toute sorte de matériaux et de techniques : plastique, Plexiglas, néant, miroir, peinture, lumières artificielles, objets, photographies, photocopies, flocage, découpage, assemblage, report, montage, agrandissement notamment. Sa série des Tableaux-objets met en scène l'image à la fois sensuelle et artificielle, douce et froide, distanciée et lyrique de la société de consommation, en particulier du mannequin-type des années 1960, Vénus moderne déclinée et mise en scène dans des couleurs acidulées. Le succès est au rendez-vous : un quart d'heure avant l'ouverture de son exposition à Milan en 1961, toutes ses uvres en plastique sont vendues à des collectionneurs. | ||
Dans ses uvres, les couleurs violentes sont projetées
au vaporisateur, jouent sur les visages féminins rouges carminés, vert acide,
violet, bleu. Raysse introduira ensuite le néon dans ses toiles pour souligner
certaines formes, la bouche, les yeux. « J'ai découvert le néon. C'est
la couleur vivante, une couleur par delà la couleur »
Dès 1965, le Stedelijk Museum d'Amsterdam lui consacre une exposition rétrospective. L'année suivante, il réalise avec Niki de Saint-Phalle et Jean Tinguely les décors d'un ballet de Roland Petit. À la biennale de Venise en 1966, il obtient le prix réservé aux artistes âgés de moins de 45 ans. Les événements de mai 1968 conduisent l'artiste à une importante réflexion sur la nature de l'œuvre d'art, dont il dénonce notamment la dégradation en marchandise. De 1963 à 1965, il réalise une série qu'il intitule ironiquement
Made in Japan. Cet ensemble comporte une quinzaine d'œuvres, dont le but
est de détourner des tableaux célèbres, principalement d'Ingres, avec
lequel Raysse dialogue très librement. La version d'après La Grande Odalisque,
conservée par le musée national d'Art moderne, en est un exemple emblématique.
D'esthétique pop, elle reprend une partie de la toile d'Ingres. L'œuvre
est marouflée sur toile puis repeinte avec des couleurs vives qui rappellent
celles des affiches publicitaires (rouge, vert fluo...). L'artiste adopte une démarche de réduction des moyens plastiques et de simplification de la représentation à la fin des années 1960. Il utilise toutes les techniques de production des images, notamment la photographie et la sérigraphie. La représentation des formes est progressivement simplifiée et se réduit à des silhouettes d'une tête avec épaules, découpées dans du carton, du papier, du tissu pour donner naissance à des Formes en liberté proches de l'Art pauvre (Arte Povera). On retiendra également dans la même optique de travail la toile Soudain l'été dernier de 1963 ou la sculpture America America (1964, Musée national d'Art moderne, Paris), où l'utilisation du néon comme cliché renvoyant à l'univers de la publicité est alors tout à fait caractéristique du discours de l'artiste. Il rompt avec la tradition, les règles et les techniques pour désacraliser l'œuvre, la démonumentaliser, lui faire perdre son unicité (effectivement, on retrouvera des impressions de ses uvres dans les gares, métros etc et il prônera la commercialisation de l'œuvre d'art) et enfin annuler l'idée d'un art qui nécessiterait une virtuosité technique. Au seuil des années 1970, Raysse accomplit une véritable révolution esthétique, que l'on peut rapprocher de celle du peintre français Jean Hélion. Il se consacre au cinéma, en réalisant notamment Camembert extra-doux (1969) et un long métrage, Le Grand Départ, en 1970, au titre prophétique. Il entreprend alors de « commencer à vivre ». L'esthétique qu'il met progressivement en place à partir de 1972 est en totale rupture avec les uvres pop de la période précédente. Raysse s'adonne notamment à la pratique du dessin d'après nature (série Un jardin au bord de la Marne), et n'hésite pas non plus à renouer avec les genres traditionnels de la peinture dans les années 1970-1980 (séries Loco Bello en 1975 , Spelunca en 1977 et La Petite Maison en 1980 notamment). Simultanément, il entreprend un travail de sculpteur, dans un premier temps à l'aide de matériaux pauvres (papier mâché, pâte à pierre, papier kraft) puis à plus grande échelle, en ayant recours à la technique traditionnelle de la fonte en bronze à cire perdue. A la faveur de nombreuses commandes publiques il réalise dans les années 1980 deux fontaines à Nîmes en 1987 et 1989 et des mosaïques à Paris, place d'Iéna (dans les métopes du bâtiment du Conseil économique et social construit par Auguste Perret). Une importante rétrospective de son œuvre (peinture, sculpture et cinéma) a lieu en 1992 à la Galerie nationale du Jeu de Paume à Paris. En 1997, le Centre Georges-Pompidou expose quarante ans de travail graphique. Une première exposition a lieu en Chine du 24 octobre au 12 novembre 2000 à l'Institut central des Beaux-Arts de Beijing. Les années 1990 et 2000 sont marquées par la création régulière
de grandes compositions picturales, sur lesquelles Martial Raysse se concentre
durant plusieurs années. Il y adopte le principe d’une composition en
frise, animée d’une multitude de figures, dans laquelle il met en scène
le chaos de l’humanité. Le Carnaval de Périgueux (1992), première de ces
très grandes peintures, s’apparente par ses dimensions à une peinture
murale. Les personnages à taille réelle s’y déploient dans un tableau
de huit mètres de largeur. L’artiste fait coïncider dans une même vision
le macroscopique et le microscopique. Dans ces fresques héroïques, ponctuées
de notations curieuses ou comiques, il montre la diversité et les paradoxes
de l’humanité. La mascarade et le tableau vivant s’imposent comme les
traits caractéristiques de sa saisie imaginative du monde. Ses rendez-vous
avec l’Histoire se déroulent dans une compagnie tout à fait contemporaine.
En 2001, Raysse réalise ses premiers vitraux dans une nouvelle église parisienne (l'église Notre Dame de l'Arche d'Alliance). Les couleurs vives des deux panneaux (sur les thèmes de la Visitation et de David dansant devant l'Arche) témoignent d'une certaine continuité avec l'œuvre pop de ses débuts. En 2005, Raysse réalise la façade au néon d'un cinéma multiplex parisien. Dans une composition aux allures de Jugement dernier, le dernier très grand tableau, Ici Plage, comme ici-bas (2012), fait une synthèse des intentions et des trouvailles plastiques de ces dernières années et s’offre comme une méditation sur l’humanité. Chacun des détails s’y présente comme une réflexion particulière sur la condition humaine, qu’il s’agisse d’une réminiscence, d’un encouragement ou d’une mise en garde. |
Déclarations:
Filmographie:
Expositions principales:
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Hygiène de la vision (objet 3D avec binoculaire) en collaboration avec Arman (1960) Tableau-objet (1961)
Made in Japan. La Grande odalisque (1964) Pot de fleur (1964) Life is so complex (1966) America, America, sculpture, néons (1965) 1968 Toile, découpe et vidéo projetée, 1971 Image calme (1972) La Source (1990) Georges et le Dragon (1990) Conseil Economique et Social, Mosaïque ( 1992) Embrasement (2003) Facade de cinéma (2005) |
La belle mauve (1962)
Sans titre (1967) 1968 Installation (1971) Boite, 1972 Série Spelunca (1977) Diane des terrains vagues (1989) La Colombe et la pensée, bronze (1992) Cause toujours (2006) Comment ça va Irma ?(2013) |
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