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Vincent Bioulès ( 1938 - )

Vincent Bioulès est né le 5 mars 1938 à Montpellier.

En 1957 il entre aux Beaux-Arts de Montpellier et en faculté de lettres.

En 1969, il fonde le groupe ABC Productions avec Tjeerd Alkema, Jean Azemard, Alain Clement et Patrice Vermeille. Le but du groupe est de montrer l'incapacité des structures traditionnelles de diffusion de l'art face à l'art contemporain. En juillet 1970, le travail du groupe est présenté à Coaraze ( Alpes maritimes).

Vincent Bioulès est l'inventeur du nom Supports/Surfaces, groupe dont il est un des animateurs principaux. Les toiles de cette époque sont des fenêtres, car c'est à travers elles que Bioulès se propose d'explorer le monde.

Vincent Bioulès rompt avec le groupe en 1972. Celui qui a inventé l'expression "Supports/Surfaces" est peut-être celui également qui s'est le plus éloigné, ensuite, pour tracer une voie personnelle dans la peinture.

Au milieu des années 1970, il abandonne l'abstraction et revient à la peinture figurative par le biais du portrait et du paysage. Vincent Bioulès n'aime pas que l'on parle, à son sujet de retour à la figuration, mais plutôt de "refiguration".

A partir de 1976, Bioulès réinvestit le sujet comme il parcourt le monde. Il interroge la peinture , sa fonction, le lieu de son élaboration. L'espace encombré a fait place au vide: l'atelier est une cellule débarrassée des accessoires. Bioulès n'occupe pas le lieu de manière explicite; les outils, le carton à dessin et une ou deux petites toiles suggèrent simplement l'activité. En 1978 Bioulès s'intéresse à la figure humaine. Dans une sorte de logique de la hiérarchie des genres et des spéculations picturales, il peint des portraits.

En 1982, il devient professeur aux Beaux-arts de Nîmes, en 1988 aux Beaux-arts de Montpellier et, pour finir, en 1991 à l'École nationale supérieure des beaux-arts de Paris.

En 2006, il est l'objet d'une exposition au musée d'Art Moderne de Céret (Pyrénées-Orientales).

Du 12 décembre 2009 au 4 avril 2010 au Musée de Lodève : Exposition VINCENT BIOULÈS « Paysages du sud »

En 2015, il fait l'objet d'une exposition personnelle à Mende en Lozére. La Ville de Mende, en partenariat avec Mend'Arts et Les Amis du musée Ignon-Fabre, accueille du 27 juin au 1er novembre 2015 , à la Maison consulaire, une exposition intitulée Bioulès en vacances; la Lozère est aux sources de son inspiration, l'exposition retrace en une quarantaine de toiles son travail lors de ses nombreux séjours d'été en Lozère. Il résidait alors le plus souvent au château de Laubert et travaillait à partir des paysages et de l'architecture qui l'entouraient.
Il déclare en août 2014: la Lozère me colle aux yeux et je pense y être allé tous les étés depuis 1950. Luc, le château de la Grange, Esfourné, Ribennes, Coulagnet, Conffours-Méjols, enfin Laubert où nous avons loué « le château » chaque mois d’août pendant 19 ans. Croquis, dessins, aquarelles, pochades, peintures à l’huile racontent ces séjours et je pense aujourd’hui que ce travail accompli «sur le motif » fait pour moi provision d’énergie et est sans doute un rendez- vous avec la vérité.

Déclarations

  • Je suis peintre ... les raisons qui me conduisent depuis plusieurs années à la peinture sont demeurées les mêmes, quelles que soient les formes très diverses prises par mon travail.
  • A la menace qui me fut faite d'entrer justement dans " la poubelle de l'histoire ", je répondis en m'y précipitant sans crainte, ensuite tout étonné qu'elle fut si vaste, surpris par la multiplicité des chemins que j'y rencontrais.
  • Ma peinture ne contient aucun élément nouveau. Plastiquement parlant elle n'invente rien, n'inaugure rien ... Je n'ai pas cherché non plus à rejoindre une tradition. J'ai simplement tenté de faire en sorte que ma peinture ressemble à ce que j'aime. Sa seule originalité repose sur ce soucis constant.
  • A dire vrai, je me donne un mal fou à essayer de peindre ce qui a donné un sens à ma vie et au regard que je pose sur ce qui m'entoure ... Ce qui m'a influencé si profondément, toutes ces " références " que l'on peut voir dans mes tableaux, sont devenues des raisons d'être. Elles sont ma façon à moi d'habiter sur la terre et de faire mien ce dont je suis entouré.
  • Ma peinture fait référence à quelque chose qui n'existe plus- une sorte de paradis perdu -... à l'évocation d'une qualité de vie à laquelle je suis profondément attaché ... il faut être fidèle à ce que l'on aime, et je fais en sorte que ma peinture soit le fait de cette nostalgie.
  • Le mythe de l'Éden est le premier des mythes ... On peut effectivement penser que depuis l'origine des temps, le monde a totalement changé. Mais on peut aussi estimer qu'il n'a pas du tout changé. C'est extrêmement subjectif .. Le monde est là, merveilleux, menacé, comme de tout temps.
  • Cela m’amuse beaucoup de faire cohabiter à l’intérieur d’un même tableau des perspectives tout à fait différentes selon ce que j’ai à dire ... ce sont les débuts de la peinture au XXe siècle qui m’ont touché le plus, c’est à dire cette peinture que j’ai découverte lorsque j’étais enfant (Picasso, Cézanne, matisse). Je suis resté fidèle à cette émotion première.

Œuvres


  • 1962 : Vitraux pour la chapelle de Shape village à Saint-Germain-en-Laye.
  • 1964 : Tapisseries, décors de théâtre, vitraux pour la chapelle de l'enfant Jésus à Montpellier.
  • 1980 : Vitraux pour l'église de Puy-Laurent en Lozère.
  • 1981 : Costumes pour l'opéra Daphnis et Alcimurade de Jean-Joseph Cassanéa de Mondoville.
  • 1982 : 1% pour le collège de Crès dans l'Hérault.
  • 1983 : Costumes pour La Jalousie du barbouillé et du Médeçin volant présentés au théâtre du hangar à Montpellier.
  • 1989 : Décor et costumes pour Oh les beaux jours de Samuel Beckett au théâtre du hangar à Montpellier.

 


Vincent Bioulès travaille par genres et par séries. Par exemple: Portraits, Nus, Paysages, Mythologies.

Portraits

Souvent, le portrait est le thème essentiel du tableau, la figure est isolée, "épinglée", elle se détache sur le fond comme celle du "Fifre" de Manet. Ce fond joue la planéité, il est rythmé par le dessin. Les traits de couleurs qui décrivent un décor situent le personnage dans son cadre familier et social.

Le modèle est cerné dans sa vérité : sa ressemblance et son identité. Le dessin est la probité de l’art, c’est la base sur laquelle doit s’appuyer l’artiste. La planéité, le cloisonnement et la codification des couleurs, la saturation et l’envahissement du fond, sont contemporains de la vitalité contrôlée de la Figuration Libre de Robert Combas.

Nus

Après avoir abordé le portrait, Vincent Bioulès s’empare du genre le plus abouti dans la classification érigée par la tradition, le plus difficile aussi : le nu. Si pour lui il y a un modèle de référence, ce n’est pourtant pas des portraits de femmes qu’il y a ici, ni une présentation symbolique, ni la recherche d’une vérité idéalisée voulue par les nus renaissants ou classiques.

Il écrit: "Ce qui comptait pour moi était de faire de la figure humaine le centre de mes préoccupations de peintre. Après le portrait, douze grands portraits ou quelques attributs persistaient à situer chaque figure dans un contexte social, douze femmes " mises à nu " dans un fauteuil toujours identique et sur un fond réduit à deux surfaces partagées par une horizontale, me permettaient d'aborder cette question de la figure d'une façon plus radicale encore. Douze nus de femmes à la fois pour ne pas m'écarter de la tradition mais aussi pour reconnaître, confesser même mon propre trouble face à la nudité féminine; aussi pour me trouver confronté à ce qui me situait dans une tradition picturale ou la question du " savoir " me fragilisait brusquement, me mettait en quelque sorte " à nu ".

Paysages

Vincent Bioulès peint le paysage sur un mode sériel. Pour lui, ceux-ci sont les portraits de lieux aimés avec la nostalgie que l’on accorde aux choses fragiles, en mutation et que l’on voudrait retenir. De grands dessins très proches de l’exercice pictural, fouillés, acérés, presque mécaniques, n’incitent en rien à l’éloge de la main. Les paysages recadrés très serrés sont réduits à un plan saturé par un dessin tramé qui organise des rythmes plus qu’il ne détermine des motifs. Ils semblent presque abstraits, ils sont le contraire d’une "marine" ou d’un panorama Impressionniste. La série loin de cerner des instants comme chez Monet, loin d'arrêter une pose comme la photographie, mesure l’éternité en "gelant" le motif et en figurant des cycles inscrits dans nos traditions et notre culture.

C’est souvent un sujet emprunté aux souvenirs d’enfance et à l’histoire de l’art. Pour Vincent Bioulès un paysage comme un portrait doit être ressemblant, c’est là l'honnêteté du peintre figuratif par rapport à ce qui l’entoure et à ce qu’il aime. Mais dans ce genre aussi, il passe du particulier au général pour déclarer l’universalité du paysage.

Ce paysage, ce chaos du monde environnant, est organisé par la lumière et la couleur et unifié par l'exécution. Vincent Bioulès est à la recherche de la vérité en peinture comme l’était Cézanne quand il peignait la montagne Sainte Victoire. L’un et l’autre construisent une composition aux solides structures qui bloque l’horizon en s’étendant sur la surface de la toile. L’artiste traite le paysage, ce sujet éculé par la grande peinture et banalisé par l’amateur, avec nostalgie et dans un cadre expérimental qui contrôle les moyens du regard et de la composition. Le peintre s’y voit confronté à la tâche quasiment impossible de rendre des rassemblements d’éléments aussi variés que les constructions, les couleurs, le pittoresque et le banal.

Mythologies

Pourquoi peindre ces vieilles histoires grecques, pourquoi les peindre ainsi?

Là aussi l’artiste combine son histoire personnelle avec celle de l’histoire de l’art. Entre la nostalgie et le goût du jeu, il organise dans une représentation distanciée un jeu de piste ou se mêlent son univers personnel et sa culture avec les acquis de la modernité. Ce hors-temps du mythe est aussi celui de la peinture, Vincent Bioulès dit que : "Peindre c’est aimer et prendre en compte l’héritage de la peinture".

Le mythe est l'explication, plus exactement une métaphore d'une situation humaine particulière, d'un drame humain. Dans une certaine mesure il joue un rôle identique à la peinture dont le but est de nous permettre de prendre pied dans le réel, de passer comme je le répète souvent, du réel à la réalité.

Le mythe situe aussi avec précision le " corps ", lieu du désir, de la souffrance, du plaisir, de la menace dans un espace " cultivé " et qui n'est autre que cet espace ou nous nous découvrons agissant, souffrant, aimant. Mais l'ironie ou l'humour que j'ai voulu introduire dans ces tableaux à pour but de signaler le décalage de plus en plus grand que nous percevons par rapport à ces modèles initiatiques. La peinture a pour but de nous permettre de voir et de comprendre. " La naissance de Vénus " ... un mythe de marin ... né de l'écume de la mer, du brassage des éléments ... me parait répondre à la perpétuelle intérrogation, elle-même tressée de questions, de réponses, de doutes, ressentie face à la fausse évidence du paysage. Vincent Bioulès


Galerie Virtuelle


Sans titre 1970



Le Bel Été IV, 1972 @Ville de Brive



1975


Anne 1992

Portraits 1998

La terrasse à la villa Bianco 1994

Étude pour l'Atelier gris 2005



2021

Esfournes 1967


Diptyque 1971



Le Grand Atelier à Laubert 1976 @Laurent Schwartz



Sans titre 1972

Hiver-midi 1977

Paysage 1996


2010



2020

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