C'est simplement l'histoire d'un homme veuf frappé par la maladie d'Alzheimer, à la fois colérique, désemparé, qui perd peu à peu la raison, la mémoire, retombe en enfance sous le regard de sa fille. Le propre de la pièce comme du film qui est déplacé de Paris à Londres, c'est que le spectateur est en même temps dans la tête très confuse du père et dans celle de sa fille, entre le vrai et le faux, entre le cauchemar et la réalité. Souvent, quand il y a des adaptations de pièces de théâtre au cinéma, le réalisateur, dans son adaptation, s'efforce d'écrire des scènes en extérieur pour justifier la transposition au cinéma. Là, ce n'est pas du tout le cas, Zeller assume complètement le huis clos de son film. On reste enfermé, à part quelques plans extrêmement furtifs, on est véritablement enfermés dans cet appartement. Par des effets de montage, de narration, où les scènes se répètent sans être tout à fait exactement les mêmes, par un décor qui est identique et qui, en même temps, a des légères modifications, par des jeux de lumières, de décoration, d'objets qui sont déplacés, tous ces outils-là du cinéma, font plonger véritablement dans la tête d'Anthony qui perd les pédales. On est tous aussi perdus et désarmés que lui. Le film s'apprécie si on accepte au bout d'un moment d'arrêter de vouloir tout comprendre. D’une histoire simple, un homme plonge peu à peu dans la maladie d’Alzheimer, tâtonnant en aveugle dans les couloirs du temps, l’auteur a su restituer le labyrinthe des égarements de la raison ou ce qu’il en reste. Par petites touches, que le décor restitue imperceptiblement mais sûrement, le metteur en scène conduit le spectateur à douter de ce qu’il voit, l’obligeant à reconstituer, s’il en est capable, ce puzzle où le réel le dispute à l’imagination en roue libre d’Anthony. . |
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Distribution
Fiche technique
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Florian Zeller est né le 28 juin 1979 à Paris, d'origine autrichienne par son père, et grandit en Bretagne chez sa grand-mère. Il est diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris en 2001. En 2002, Florian Zeller publie un premier roman, Neiges artificielles, qui reçoit le prix de la fondation Hachette. Il travaille également comme maître de conférences associé à Sciences Po. Il publie en 2004 La Fascination du pire qui obtient le prix Interallié. La carrière théâtrale de Florian Zeller commence avec L'Autre en 2004 : cette première pièce est bien reçue par la critique et par le public, au point d'être remontée à deux reprises, en 2007 au Studio des Champs-Élysées et en 2015 au théâtre de Poche-Montparnasse. Il enchaîne ensuite avec Le Manège (en 2005), Si tu mourais (en 2006 avec Catherine Frot), et Elle t'attend (en 2008 avec Laetitia Casta). À partir de 2010, les plus grands acteurs français vont jouer ses pièces. Catherine Hiegel interprète La Mère en septembre 2010 au théâtre de Paris. Elle obtient pour cette pièce le Molière de la meilleure comédienne en 2011. La pièce sera remontée en 2014 au théâtre Hébertot. En janvier 2011, Pierre Arditi crée au théâtre Montparnasse sa sixième pièce, intitulée La Vérité. En septembre 2012, Robert Hirsch crée Le Père, qui triomphe pendant trois années sur scène et obtient trois Molières en 2014. En février 2013, Fabrice Luchini interprète Une heure de tranquillité. En septembre 2015, Pierre Arditi crée Le Mensonge. En janvier 2016, Daniel Auteuil crée L'Envers du décor. En octobre 2016, Florian Zeller retrouve Robert Hirsch pour Avant de s'envoler, au théâtre de l'Œuvre. En février 2018, pour clore sa trilogie familiale, sa pièce Le Fils est créée à la Comédie des Champs-Elysées. |