Aux États-Unis, où il vécut cinq ans, de 1929 à 1934,
Jacques Feyder pour son premier film américain dirigea Greta
Garbo dans le Baiser, sorti en 1929.
Il s'agit du tout dernier film muet de la MGM, avec une bande
sonore musicale synchronisée. La MGM avait en effet quelques angoisses
quant à sa star Greta Garbo qui ne maîtrisait pas encore suffisamment
la langue anglaise et l'avait donc fait tourner des films muets
jusqu'à la dernière occasion alors que le cinéma parlant faisait
déjà ses premiers pas.
C'est le 17e film de Greta Garbo qui était
alors âgée de 24 ans, le 10e de sa carrière hollywoodienne.
Irène est mariée à l'homme d'affaires parisien Charles Guarry,
bien plus âgé qu'elle. Elle a une liaison avec l'avocat André Dubail
et est sur le point de quitter son mari pour lui, mais elle hésite
encore.
Pierre Lassalle, le jeune fils (18 ans) d'une relation d'affaires
de son mari est amoureux d'elle et la poursuit de ses attentions.
Un soir, Charles va négocier une aide financière avec le richissime
Lassalle car il est au bord de la faillite. En chemin, il décide
de rentrer chez lui et surprend sa femme en train d'embrasser Pierre,
qui était en fait en train de la besogner, ayant mal interprété
certains de ses gestes et paroles. Une bagarre s'en suit et un coup
de feu survient sans que l'on sache exactement ce qui s'est passé.
Pierre, blessé, rentre chez lui et est accueilli par son père.
Charles a été tué et les soupçons de la police se portent rapidement
sur Irène car ses explications quant au drame sont on ne peut plus
contradictoires. Elle est finalement accusée et est défendue lors
du procès par Dubail, son amant. Elle est acquittée selon la version
que son mari s'est suicidé en raison de ses graves problèmes financiers.
Ni Lassalle ni son fils, qui connaissent pourtant la vérité,
ne sont venus témoigner à cet égard. Pierre croit toujours qu'Irène
l'aime puisqu'elle l'a défendu lors de la bagarre avec Charles.
Irène révèle la vérité à Dubail: c'est elle qui, pour protéger Pierre
qui allait être battu à mort par Charles, a tiré sur son mari. Malgré
cela, Dubail l'aime encore et toujours.
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Jacques Feyder est l'auteur de la célèbre
Kermesse héroïque ( 1935). Feyder, de son vrai nom
Frédérix, est né à Bruxelles en Belgique, le 21 juillet 1885. Il est naturalisé
français en 1928.
De père en fils, sa famille jouit d’une réputation qui atteint même la
renommée. L’arrière grand-père était général, le grand-père homme de lettres.
Dès son enfance, Jacques Feyder ne laisse pas d’illusions à ses parents
sur ses goûts. Il rêve de devenir directeur de music-hall : lumière, mouvement,
rythme, images vives, voilà ce qui frappe l’esprit du futur metteur en
scène de films lesquels sont faits de lumière, de rythme et d’images vives.
Au sortir du collège, il décide de se faire acteur. Cette vocation le
met en désaccord avec les siens. Il part pour Paris afin de s’y consacrer
au théâtre. Comme il a des dons et un bon physique, qu’il est grand et
de taille élancée, plein de distinction dans l’allure, il obtient assez
rapidement des rôles à la Porte Saint-Martin, au théâtre Michel, chez
Montcharmont à Lyon, mais des rôles sans importance. Le débutant, aux
ressources modestes, ne pouvant négliger le cinéma et ses cachets, paraît,
pour la première fois, à l’écran dans une féerie de Méliès. Dès lors,
il tourne fréquemment. Il joue même un rôle de femme, vers 1912, dans
un film appelé Le Troisième Larron. Toutefois, il préfère incarner des
cow-boys. Il mène donc de front théâtre et cinéma.
Mais, m’a-t-il confié, au théâtre, il se sent lui-même. Au cinéma, il
ne se sent rien. Il n’y voit qu’un moyen de gagner un complément d’argent.
Cette indifférence à l’égard de l’art en gestation dure peu. Le jeune
acteur ne tarde pas à en deviner l’intérêt. Ce comédien dont la place
est devant la caméra se rencontre la plupart du temps derrière elle. Il
s’y glisse aussitôt qu’on a plus besoin de lui. Sa curiosité le pousse
à comprendre le travail qu’exécute le metteur en scène. Il devient ainsi
l’assistant de Gaston Ravel, certainement un des premiers assistants de
réalisateur, à une époque où, en France, cet emploi est ignoré.
En 1928, tout juste naturalisé français, il dirige avec
un budget considérable un film sarcastique sur les moeurs politiques du
temps, Les Nouveaux messieurs, qui a des ennuis avec la censure.
Il préfère alors se faire oublier et débarque pour
cinq ans à Hollywood et se voit très vite confier ce film
avec Garbo.
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