Retour vers le futur

 

Retour vers le futur, film américain de Robert Zemeckis, sorti en 1985.

Ce film manie le paradoxe tout en écartelant le spectateur entre passé et avenir. Pourtant, au-delà du vertige futuriste, c’est bien la nostalgie qui l’emporte dans le premier film de cette trilogie qui a marqué toute une génération.

  • Réalisation : Robert Zemeckis
  • Titre original : Back to the future
  • Scénario : Robert Zemeckis et Bob Gale
  • Production : Neil Canton et Bob Gale
  • Musique originale: Alan Silvestri
  • Image : Dean Cundey
  • Durée 116 minutes
  • Dates de sortie : 3 juillet 1985 (USA) ; 30 octobre 1985 (France)

Distribution:

  • Michael J. Fox : Martin "Marty" McFly
  • Christopher Lloyd : Dr. Emmett L. Brown ( Doc Brown)
  • Lea Thompson : Lorraine Baines/McFly
  • Crispin Glover : George McFly
  • Thomas F. Wilson : Biff Tannen
  • James Tolkan : Mr. S.Strickland
  • Claudia Wells : Jennifer Parker
  • Huey Lewis : le juge de l'audition du lycée
  • Marc McClure : Dave McFly
  • Wendie Jo Sperber : Linda McFly
  • George Dicenzo : Sam Baines
  • Frances Lee McCain : Stella Baines
  • Billy Zane : Match
  • J J Cohen (Jeffrey Jay Cohen) : Skinhead
  • Casey Siemaszko : 3-D
  • Harry Waters Jr : Marvin Berry
  • Steven Spielberg : l'automobiliste

Critique

Marty McFly, adolescent des années 1980, est déçu par sa situation familiale : son frère est un jeune travailleur, sa mère Lorraine boit beaucoup et surtout son père timide s'écrase sans cesse devant son chef Biff Tannen. Marty a pour ami l'extravagant scientifique le Docteur Emmett Brown.
Ce dernier met au point une machine à voyager dans le temps, une voiture Delorean DMC-12 modifiée. Mais il est assassiné pour avoir trompé des terroristes libyens, et Marty, pour s'échapper, monte dans la voiture, et se retrouve projeté involontairement en 1955, à Hill Valley.

À cette époque, il va croiser ses parents, qui ne sont pas encore mariés, et empêcher leur rencontre, sa mère tombant amoureuse de lui, ce qui compromet son existence même. Avec l'aide du Doc de 1955, Marty parvient finalement à provoquer la rencontre entre ses parents et à revenir en 1985 en utilisant la foudre pour faire fonctionner la machine. Avant ce départ pour 1985, Marty prévient le Doc de son futur assassinat par les terroristes libyens dans une lettre dissimulée dans sa poche, empêchant ainsi la réalisation de cet évènement. Revenu dans le présent, Marty constate avec grand plaisir que ses actions ont modifié le cours des choses : son père a pris énormément d'assurance, au point que Biff Tannen est devenu un modeste garagiste lui rendant service, sa mère est devenue sportive et dynamique, et ses frères et sœurs ont de bonnes situations professionnelles.

Zemeckis fixe les bases du récit et souligne, d’entrée, le malaise de son héros Marty pris entre un père velléitaire et une mère plutôt mythomane et alcoolique. C'est un thème éternel qu'il aborde avec celui de l’adolescent en porte à faux avec ses parents.
Mais ce qui est plus original, c’est de montrer que si Marty a trouvé une évasion et une sorte de père de substitution en la personne de “Doc” Brown), il n’en reste pas moins très lié à ses parents. Point de conflit de génération donc, mais, à l’inverse, une étroite et inattendue interdépendance car il est bien évident que Marty devra faire se rencontrer ses parents de façon à exister. C’est en effet Marty l’adolescent qui éduque ses parents pour les rendre plus raisonnables et plus responsables.

A l’intérêt d’une situation originale, s’ajoute celui d’une réalisation particulièrement enlevée et efficace. D’autant plus que le thème musical de Silvestri est l’un des éléments clés du film, tout comme la magique, la mythique DeLorean, véritable sésame des portes du Temps et de l’Espace.
Certaines expressions sont devenues cultes : « Nom de Zeus ! Marty, tu n’arrives toujours pas à raisonner en quatre dimensions ! » et « le continuum spatio-temporel ». Il faut retenir également la séquence irrésistible de l’invention du rock’n’roll par un Marty déchaîné. En résumé, humour, fantaisie, suspens, rock, émotions, famille, amitié, amour et situations imprévues se combinent en un cocktail détonant et jubilatoire.

Alors que le temps est insaisissable et irréversible, Zemeckis se plaît à le tourner et retourner pour mieux en annihiler les effets ou, du moins, les atténuer. Sans doute faut-il y voir une façon d’exorciser une hantise qui traverse son œuvre, tantôt présente, comme ici, sur le mode léger et fantaisiste, tantôt de façon plus grave dans ses dernières productions comme Forrest Gump et, surtout, Seul au monde .

Les deux suites:

Retour vers le futur 2

Ce second film s’enchaîne logiquement avec le précédent. Si dans le premier Marty devait remonter le passé trente ans plus tôt pour s’occuper de ses parents, il va s’échapper vers le futur, trente ans plus tard, pour remettre son fils dans le droit chemin : après avoir responsabilisé les parents, il s’agit de raisonner son enfant.
Le décor est le même mais la petite ville de Hill Valley, déjà vue en 1985 et 1955, a passablement changé : la place principale est le lieu symbolique de ce passage du temps qui a altéré l’essence même du centre ville qui a périclité, les commerces sont allés s’installer à la périphérie dans les centres commerciaux .
C'est une subtile méditation sur le temps qui passe et modifie notre décor de vie le plus habituel et le plus intime. D’autre part, le récit est plus complexe, qui fait interférer trois époques : 1985, 2015 et 1955.

Retour vers le futur 3

Moins logiquement, le troisième film envoie ses personnages à l’époque du Far West, vers 1880. Après tout, le western, comme la vitesse, le rock’n roll ou la science-fiction sont les thèmes emblématiques du cinéma américain et cette dernière aventure mêle en un hommage habile le genre du western et ses codes obligés, la locomotive, le saloon, le duel et celui de la science-fiction.
L’histoire paraît toutefois plus artificielle que les deux précédentes et le film est un peu moins enlevé. La conclusion du film et de la trilogie est humoristique : “Doc” et sa femme Clara rendent visite à Marty accompagnés de leurs deux enfants symboliquement prénommés Jules et Verne. C'est un bel hommage au père spirituel de l’Aventure moderne.
Ce merveilleux film qui joue sur le passage d’une époque à l’autre, qui vieillit ou rajeunit les personnages, qui confronte les générations, favorise une réflexion sur les différents âges de la vie et, donc, sur ce que l’on est et ce que l’on devient. En définitive, on notera aussi, au-delà de la fantaisie inoubliable de cette trilogie le thème discret de l’obsession du temps qui altère toute chose et que l’on retrouve visuellement transcrit dans l’image récurrente de l’horloge de l’Hôtel de Ville de Hill Valley qui se transforme selon les époques. Ces changements mesurent le temps qui est passé, qui passe et qui passera et dont Zemeckis joue à la manière d’un enfant.