La Tentatrice (The Temptress) de Fred Niblo, sorti en 1926, avec Greta Garbo


La Tentatrice (The Temptress) , film américain de de Fred Niblo sorti en 1926.
L'introduction du film fut réalisée par M. Stiller (toute la scène du bal masqué). La seconde partie sera réalisée par Fred Niblo.
Il s'agit du 9e film de Greta Garbo qui était alors âgée de 21 ans, le 2e de sa carrière hollywoodienne.

L'Ingénieur Manuel fait la connaissance de la fabuleuse Elena à un bal masqué à Paris. Ils tombent amoureux. Manuel apprend rapidement qu'Elena est mariée, à un marquis et qu'elle a même amené un de ses amants à la faillite et au suicide. Entre son amour (et sa déception) pour cette femme et sa carrière, Manuel choisit cette dernière et un immense chantier. Manuel part en Argentine construire un barrage.

Quelques temps plus tard, le marquis et sa femme élisent domicile en Argentine, fuyant un scandale en Europe. Manuel et Elena sont de nouveau confrontés l'un à l'autre ainsi qu'à leur attirance réciproque. Tous les hommes présents sont séduits par cette divine femme.

Un bandit et perturbateur du chantier, Manos, insulte Elena et un duel au fouet prend place entre celui-là et Manuel qui vient défendre l'honneur d'Elena. Manuel gagne en ridiculisant Manos. Elena et Manuel se rapprochent l'un de l'autre lorsque celle-ci le soigne après le combat. Manos veut se venger, tend un piège à Manuel et c'est le marquis qui est tué. Le barrage est également mis à mal par le bandit. Finalement Elena quitte l'Argentine. Quelques années plus tard, Manuel revient à Paris et tombe par hasard sur une Elena défraîchie quasi vagabonde.

La scène du bal masqué reflète bien tout le talent de Mauritz Stiller . Celui-ci avait déjà fait ses preuves en Suède dans "La Légende de Gosta Berling" . Le film aurait gagné en vigueur et en cohérence si la MGM en avait confié l'ensemble à Mauritz Stiller. Mauritz Stiller était sous contrat pour trois ans et Greta Garbo voulait se sentir libre de partir en même temps que lui. Devant les hésitations de Greta Garbo, la MGM., qui voulait avant tout exploiter le succès naissant de sa star, abandonna un temps ses problèmes de contrat et lui fit tourner un nouveau film, La Tentatrice, qui devait être entièrement réalisé par Stiller lui-même. Ce dernier était fort content de pouvoir enfin travailler; Greta Garbo était également ravie de le retrouver et, pendant 10 jours ce fut véritablement idyllique jusqu'à ce qu'on retire le film des mains de Stiller. Certains analystes ont vu cette décision comme une volonté délibérée d'humilier le réalisateur suédois, mais rien dans les archives de la MGM ne permet véritablement cette interprétation. D'après tous les témoignages qu' on a pu recueillir sur cette histoire, il apparaît en fait qu'on jugeait Stiller totalement inadapté à la discipline d'un grand studio américain; il était, selon les critères hollywoodiens, incapable d'assumer une mise en scène à l'américaine, c'est-à-dire d'accepter des directives plus ou moins imposées par la compagnie. Il est certain également que sa mauvaise connaissance de la langue anglaise n'arrangeait rien car les instructions que Stiller donnait sur le plateau ne semblaient claires ni aux acteurs ni aux techniciens.

Dans La Tentatrice, Greta Garbo endosse une rôle de pécheresses qu'affectionnait la MGM. Dans la première scène dite du bal masqué, nous pourrons remarquer une Garbo énigmatique au charme avenant, le port du loup renforce son mystère. C'est la tristesse profonde de Greta Garbo lorsqu'elle appris le limogeage de Stiller qui lui donna certainement l'air désespéré qu'elle a dans la séquence de la Tentatrice tournée par Stiller et conservées par Fred Niblo, lorsque ce dernier remplaça Stiller à la réalisation. Pendant les 10 jours de tournage que Stiller assura avant d'être évincé, le réalisateur suédois parvient à donner une image unique, presque magique de Garbo. Dans la séquence de bal masqué, Greta Garbo fait une entrée fulgurante, dans le rôle d'une femme mariée qui repousse dédaigneusement son dernier amant en date avant de se frayer un passage au milieu des invités. Avec son corps élancé, Greta Garbo se déplace dans un mouvement qui exprime tout à la fois tension et provocation. C'est à ce moment là qu'elle arrive face à face avec le personnage incarné par Antonio Moreno et en un éclair on est frappé par ce qui va être une constance chez Greta Garbo tout au long de sa carrière à l'écran : cet air de lassitude sur le visage, qui est ici à demi caché par un loup blanc.

Chez toute autre comédienne, cette apparence ne serait que la marque d'une fatigue ou d'une indifférence banale, tandis que chez Greta Garbo elle traduit le désespoir profond d'un personnage de femme fatale, condamnée à faire chuter tous les hommes sur son chemin. Dans la scène en question Greta Garbo saisit son partenaire dans une étreinte qui montre bien ou est le dominateur. Cette attitude caractérisera la comédienne dans la majorité de ses rôles: elle représentera toujours l'amour vécu comme une passion intense. Mais dans cette séquence de la Tentatrice, elle n'abat pas toutes ses cartes d'un coup et crée la surprise en couvrant son partenaire de petits baisers sur les joues, puis, après un baiser un peu plus long sur les lèvres, elle s'enfuit, longue silhouette phosphorescente sur fond de clair de lune. Entre temps, elle a laissé derrière elle une atmosphère chargée d'érotisme.

Le scénario du film est loin d'être parfait et quelques scènes ont l'air d'être surjouées mais à vrai dire, Greta Garbo parvient par son talent à rendre crédible certaines situations qui pourraient paraître outrancières.

Mis à part quelques étreintes, les déclarations d'amour sont rares et le scénario présente un caractère misogyne affirmé. Fred Niblo arrive au travers de quelques plans comme par exemple celui du duel au fouet à nous captiver. Des contrechamps dévoilant le caractère de la tentatrice, une Garbo pouvant exprimer toute la jouissance de la scène du duel qui se passe sous ses yeux afin de défendre son honneur. La conclusion de ce duel amène de superbes gros plans d'Elena à œil malicieux soignant son amant.

Quelques scènes de Fred Niblo sont à mettre en exergue comme celle scène du dîner mondain. Il y dépeint une société peu vertueuse par le biais de plans judicieusement bien filmés sous la table montrant le jeu de jambes des convives. Cette volonté de nous montrer ce plan n'est pas totalement innocent et nous amène doucement dans le sujet du film qui est la tentation. Ce banquet est l'occasion pour son hôte, banquier de son état, d'annoncer sa ruine et par la même occasion de lancer sa phrase assassine "Il y a une femme derrière l'échec de tout homme" en regardant et en pointant du doigt "La tentatrice".

Distribution

  • Greta Garbo : Elena
  • Antonio Moreno : Manuel Robledo
  • Marc McDermott : M.Fontenoy
  • Lionel Barrymore : Canterac
  • Armand Kaliz : Marquis de Torre Bianca
  • Roy D'Arcy : Manos Duras

Fiche technique

  • Titre original :The Temptress
  • Réalisation : Fred Niblo, Mauritz Stiller
  • Scénario : Dorothy Farnum, Marian Ainslee (intertitres), d'après le roman La Tierra de Todos de Vicente Blasco Ibáñez
  • Image : William H. Daniels, Tony Gaudio
  • Montage : Lloyd Nosler
  • Direction artistique : Cedric Gibbons, James Basevi
  • Production : Irving Thalberg pour la MGM
  • Pays : États-Unis
  • Durée : 106 min
  • Format : Noir et blanc - film muet
  • Date de sortie : 3 octobre 1926 (USA)

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