Titane , film français et belge de Julia Ducournau, sorti en 2021

 


Une petite fille très spéciale survit à un accident de la route grâce à un ajout métallique dans son organisme. Alexia, devenue danseuse pour un salon automobile, souffre d'un syndrome post-traumatique, après cet accident. Vincent, pompier, retrouve son fils après l'avoir perdu pendant dix ans, ramené par les inspecteurs de la douane dans un aéroport. Mais en réalité, celui-ci n'est autre qu'Alexia, recherchée par les services de police depuis qu'elle a commis plusieurs meurtres atroces.

Elle n’aime pas les humains, les tue mécaniquement telle une Terminator blonde et tatouée, et ne frissonne que contre, tout contre, la carrosserie froide des voitures. Il se consume de chagrin tant il a besoin de donner son amour à un prolongement de lui-même. Rencontre entre deux désaxés qui pourrait bien engendrer une nouvelle humanité. Un jour, après une tuerie qui tourne mal, elle se métamorphose pour échapper à la police, et se réfugie dans une caserne de pompiers où un homme seul a désespérément besoin de la prendre pour quelqu’un d’autre.

L’exercice de style glaçant mute alors, à son tour, grâce à un corps d’acteur réinventé , Vincent Lindon danse, ivre, et exhibe ses fesses nues en gros plan, il se pique aux stéroïdes pour rester puissant, ne pas se dissoudre dans le noir, alors qu’une drôle de vie pousse dans le ventre d’Alexia. Chaque séquence montre la puissance de la mise en scène, avec une cinéaste qui ose se poser en nouveau démiurge, capable de faire fusionner des matières contraires, métal, cambouis, flammes et larmes. Avec son « couple » de Titans au genre neuf et non identifié, Julia Ducournau accouche d’un film sur le pouvoir, violemment transformiste, de l’amour.

Alexia est une machine de guerre inexorable, verrouillée, et surtout blindée de concepts : transhumanisme, transgenre, pulsions de mort; elle est l’animal et la machine, la prédatrice et la proie, la mère et l’enfant mais en oublie d’être un personnage. Elle reste l’instrument ultraviolent d’un baroque règlement de comptes œdipien, d’un vrai père détesté à un faux père déglingué, ce Vincent Lindon noueux, écorché, qui vient un peu tard dans ce récit. Julia Ducournau fait sortir de ses gonds la mécanique du film de genre, mais le sature, de références cinéphiles et d'effets de mise en scène paroxystiques, empilant talent et esbroufe, hermétisme et surenchère. Une Palme d'or qui ne se justifie que par le chalenge de l'attribuer, pour la deuxième fois seulement à une femme.

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Distribution

  • Vincent Lindon : Vincent
  • Agathe Rousselle : Alexia
  • Garance Marillier : Justine
  • Dominique Frot : la femme secourue par les pompiers
  • Myriem Akheddiou : la mère d'Adrien
  • Bertrand Bonello : le père d'Alexia

Fiche technique

  • Réalisation et scénario : Julia Ducournau
  • Musique : Jim Williams
  • Photographie : Ruben Impens
  • Montage : Jean-Christophe Bouzy
  • Production : Jean-Christophe Reymond
  • Sociétés de production : Kazak Productions ; Frakas Productions
  • Durée : 108 minutes
  • Dates de sortie : 13 juillet 2021 (Festival de Cannes) ; 14 juillet 2021 (sortie nationale)
  • Festival de Cannes 2021 : Palme d'or

Julia Ducournau naît en novembre 1983, à Paris. Sa mère, une gynécologue, et son père, un dermatologue, sont tous deux cinéphiles.

Elle aime écrire depuis son enfance, des poèmes, des histoires. Son attirance pour les histoires gore date de ses six ans lorsqu'elle voit en cachette le film "Massacre à la tronçonneuse", et de la lecture des livres de médecine de ses parents. Elle cite aussi comme influence déterminante la découverte des Histoires extraordinaires d'Edgar Allan Poe.

En 2004, elle obtient une double licence de lettres modernes-anglais à la Sorbonne-Paris IV, la même année, elle intègre le département scénario de La Femis. Dans le cadre de ses études à La Femis, en partenariat avec l'école, elle a l'occasion de participer à un atelier d'écriture scénaristique à l'Université Columbia encadré par Israël Horovitz. Elle sort diplômée de La Femis en 2008.

En 2011, son premier court métrage Junior obtient le Petit Rail d'or au festival de Cannes.

En novembre 2015, elle tourne son premier long métrage "Grave" en Belgique. Aprés sa présentation en mai 2016 au festival de Cannes et sa sortie en mars 2017, elle reçoit le Grand prix de la 24e édition du festival international du film fantastique de Gérardmer. Son film est nommé dans six catégories à la cérémonie des César, mais ne récolte aucune récompense.

En 2021, elle présente "Titane" au Festival de Cannes et remporte la Palme d'or, devenant la seconde femme à obtenir cette récompense, 28 ans après Jane Campion.