Un pigeon perché sur une branche philosophait sur l'existence

Un pigeon perché sur une branche philosophait sur l'existence , film suédois de Roy Andersson, sorti en 2014.

Troisième volet d'une trilogie composée de "Chansons du deuxième étage" (Sånger från andra våningen, 2000), Prix du Jury au 54e festival de Cannes
et de "Nous, les vivants" (Du levande, 2007)., sélectionné pour "Un Certain regard" au Festival de Cannes 2007 et récompensé la même année par le Prix du cinéma européen.

  • Titre original : En duva satt på en gren och funderade på tillvaron
  • Réalisation : Roy Andersson
  • Scénario original : Roy Andersson
  • Production : Linn Kirkenær, Pernilla Sandström et Håkon Øverås
  • Société de production : Roy Andersson Filmproduktion AB
  • Photographie : István Borbás et Gergely Pálos
  • Dates de sortie : 29 août 2014 (Mostra de Venise 2014)
    • France : 14 novembre 2014
  • Durée : 101 minutes

Lion d'or à la Mostra de Venise 2014

Distribution:

  • Holger Andersson : Jonathan
  • Nils Westblom : Sam
  • Charlotta Larsson
  • Viktor Gyllenberg
  • Lotti Törnros
  • Jonas Gerholm

Critique

Sam et Jonathan, deux marchands ambulants de farces et attrapes, traînent leur mallette pleine de leurs produits stars, des dents de vampire XXL, un boite à rire et leur dernier produit en lequel "ils croient beaucoup", un masque en latex de "Pépé, l'édenté". C'est là l'essentiel de leur misérable fortune. Leurs affaires, bien sûr, ne marchent pas fort. Et en plus ils ne sont pas payés par leurs créanciers et ne peuvent donc pas payer leurs fournisseurs.

Visages clos, d'une tristesse à mourir, laids, mal fagotés, l'un fait l'article, l'autre, légèrement attardé, la démonstration devant des clients potentiels, impassibles. Leur numéro censé faire rire fait invariablement un bide. Peinant à joindre les deux bouts, ils sont logés dans une sorte de pension sordide pour SDF où ils louent chacun une chambre minuscule, sous la surveillance étroite d'un gardien sans pitié.

Le titre à rallonge, inhabituel au cinéma, fait référence aux "Chasseurs dans la neige", célèbre toile du XVIe siècle de Pieter Bruegel l'Ancien, dans laquelle les oiseaux semblent observer, avec une certaine perplexité, les activités humaines qui se déroulent au sol. La première scène du film montre une sorte de musée d'histoire naturelle où un visiteur, les cheveux en crête de coq, observe un oiseau empaillé dans une vitrine. Le volatile semble très normal, mais celui qui le regarde est un curieux spécimen. C'est lui qui mériterait d'être dans la vitrine

Par le biais d'une succession de sketches, tous filmés en plan fixe, Roy Andersson propose ainsi une galerie d'anti-héros qui mènent des existences sans but apparent, sans entrain, ni énergie, et prononcent des phrases récurrentes, toutes faites, portées par des voix atones au cours de conversations creuses.
"Je suis content de savoir que vous allez bien", est une de ces phrases qui reviennent régulièrement comme un refrain dans des bouches sans joie, sans sourire. À l'autre bout du fil, tout se passe mal, alors ils répètent désespérément : « Je disais que je suis content de savoir que vous allez bien ! » La formule résonne dans une immense solitude.
Ces mots appartiennent à des personnages dépressifs, paumés, fragiles comme ce vieil homme, debout au milieu de son bureau, pistolet en main qui manifestement, s'apprête à se loger une balle dans la tête.

Assis dans le bistrot de la petite ville où ils semblent de passage, ils lient conversation avec un inconnu au comptoir, curieux de leur présence :
- "Vous travaillez dans quoi ?"
- "Dans le divertissement", répond Sam.
- "On veut aider les gens à s'amuser", ajoute Jonathan, le visage caché dans ses mains.

Le film connait des moments de poésie et de légéreté, comme dans ce tableau chanté où Lotta, une aubergiste boiteuse de Göteborg, accepte que les verres de schnaps soient payés par des baisers ! C'est en chœur que la tendresse et la fraternité se célèbrent.

Mais le ton général du film reste sombre et pessimiste, et la seconde moitié supporte mal des longueurs et des répétitions. Le spectateur moyen, assez dérouté, comprend assez mal l'attribution du Lion d'or de Venise à ce film.