Amanda

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Amanda , film français de Mikhael Hers, sorti en 2018

Analyse critique

David, 24 ans, vit au présent. David jongle avec nonchalance entre deux jobs alimentaires, la gestion d’appartements meublés pour touristes et l’élagage des arbres du 20e arrondissement de Paris. Il va aussi chercher, au pas de course car toujours en retard, sa nièce Amanda à la sortie de l’école, pour aider sa sœur, Sandrine, prof d’anglais au lycée Arago et jeune mère célibataire. Il recule, pour un temps encore, l’heure des choix plus engageants. Le cours tranquille des choses vole en éclats quand sa sœur aînée meurt brutalement dans un attentat. Il se retrouve alors en charge de sa nièce de 7 ans, Amanda, qui n'a plus de père, et dont la grand-mère vit à Londres et ne donne plus de nouvelles.

Le film est largement influencé par les attentats du 13 novembre 2015 à Paris, sauf qu'il est transposé à la fin du printemps, en plein jour, dans le Bois de Vincennes. En plus des victimes, il a fallu faire le deuil d'une certaine insouciance. Mikaël Hers a peut-être décalé les lieux et les saisons par pudeur, laquelle imprègne chaque image de son film et parce qu'il serait inconvenant de reconstituer les lieux exacts, la réalité des événements. Point de bascule du récit, l’attaque terroriste reste circonscrite à deux ou trois très courtes scènes avant d’être évacuée pour laisser au film le temps de développer son vrai sujet, la paternité accidentelle.

Mikhael Hers révolutionne son approche, passant de la nostalgie en partie passéiste à la mélancolie, cependant active et constructive. Là où ses œuvres précédentes regardaient en arrière, rattachaient leurs personnages à quelque chose de leur passé, David fait cette fois-ci le choix d'aller de l'avant, de laisser venir le futur. Le chagrin et le désarroi demeurent ; mais si David bat de l'aile parfois, c'est pour finalement s'envoler.

Le réalisateur parvient à un état de grâce avec un tandem nièce-oncle qui s'épaule chacun à son tour, l'enfant se révélant parfois moins démunie que David, jeune homme encore un peu immature, pour qui il faut aussi gérer les perspectives d'avenir. Autour d'eux se tisse un fil de vie de plus en plus solide, qui va les aider à faire leur deuil.

Mikhael Hers veille toutefois à ne jamais les enfermer. Amanda impose même une circulation des sentiments entre David et sa nièce, mais aussi entre David et sa sœur dans les scènes précédant sa disparation , de David à Lena, la jeune femme qui vient d'emménager dans l'immeuble d'en face, dans les relations à sa tante, à ses amis, eux-aussi endeuillés. La circulation est également physique, comme en témoignent les scènes de déambulation, à pied ou en vélo dans un Paris étonnamment calme et doux, signe que malgré l'attentat et la violence, le monde ne s'est pas arrêté.

Le réalisateur conclut son film par une excursion à Londres, qui montre d'abord la rencontre avec la grand-mère d'Amanda (et donc la mère de David), qui essaie en vain de retisser des liens, mais le passé reste révolu. Mais surtout la scène déterminante au stade de Wimbledon pour assister à la symbolique « remontada » d’un joueur de tennis à la peine. A chaque point gagnant, des larmes de joie sur les joues d’Amanda. Dans les yeux embrumés de la blonde orpheline, on peut enfin lire les mots qui lui faisait défaut, continuer à vivre.

Distribution

  • Vincent Lacoste : David
  • Isaure Multrier : Amanda
  • Stacy Martin : Léna, la petite amie de David
  • Ophélia Kolb : Sandrine, la soeur aînée de David et mère d'Amanda
  • Marianne Basler : Maud, la tante de David et Sandrine
  • Jonathan Cohen : Axel, un ami de David
  • Greta Scacchi : Alison, la mère de David et Sandrine

Fiche technique

  • Réalisation : Mikhael Hers
  • Scénario : Mikhael Hers, Maud Ameline
  • Directeur de la photographie : Sébastien Buchmann
  • Musique : Anton Sanko, orchestrée et dirigée par Drew Mikoska
  • Sociétés de production : Nord-Ouest Films ; Arte France Cinéma
  • Durée : 107 minutes
  • Dates de sortie : 31 août 2018 (Mostra de Venise)
    • France : 21 novembre 2018
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