Armaguedon

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Différentes pages portent le même nom; voir  : Armageddon

Armaguedon est un film franco-italien réalisé par Alain Jessua, sorti en 1977.

Alain Jessua prouve dans ce film qu’il se situe à l’avant-garde des phénomènes sociétaux.

Analyse critique

Louis Carrier qui, à la suite d’un héritage, décide que va parler de lui et se fait appeler Armaguedon. Mais les moyens qu’il utilise se révèleront dramatiquement dangereux. Il défie la police par des menaces terroristes. Un psychanalyste de renom, le Dr Ambrose va aider la police afin de retrouver Armaguedon et l’empêcher de mettre son plan à exécution.

Louis Carrier se fait aider sans sa tâche par un géant un peu simple d’esprit, répondant au surnom d’Einstein. Carrier est un monstre de sang froid, calculateur, que l’on découvre bordé de haine. Il ne possède qu’un soupçon de gentillesse intéressée envers Einstein, qu’il manipule comme les autres (sa famille, le Dr Ambrose, etc.) et le transforme en terroriste kamikaze.

Le film ne se perd pas en conjecture et rentre de suite dans le sujet. Une durée réduite et un montage serré donnent une impression d’urgence à l’ensemble. Les dialogues sont aussi tranchés, très courts, au diapason des plans. Ceci peut expliquer la rapidité de la scène dans laquelle le docteur Ambroise sauve une jeune suicidaire qui essaye de sauter d’un immeuble, ou encore la facilité déconcertante qu’il possède pour déceler les motivations d’Armaguedon. Un peu d’ailleurs, comme s’il se posait en précurseur des profileurs modernes si répandus dans les séries et films plus récents.

On sent une sorte de tendresse du cinéaste envers Louis Carrier, une étrange mansuétude du regard, même si cela tient en grande partie à l’interprétation de Jean Yanne, ambigu à souhait. Renato Salvatori apporte une sensibilité peu commune à son personnage de brute au grand coeur, le dernier plan du film étant à ce titre bizarrement émouvant. Malheureusement, Alain Delon dessert le propos. Trop sûr de lui, trop évident, même sa petite crise semble trop plaquée et artificielle. Les ennuis rencontrés par Alain Jessua sur le tournage avec cet acteur semblent aller en ce sens.

Fait rare dans les années 70 en France, Alain Jessua mentionne à plusieurs reprises dans ses films des personnages gays en s'abstenant de tout jugement et de tout regard moral. C'est ainsi la vision d’un bar où se trouvent plusieurs gays, enlacés autour d’une table de billard, où Carrier ramasse un gigolo. Un peu plus loin, il fait de même avec une prostituée afin de procéder à une mise à mort sauvage. On y ressent une véritable érotisation du macabre doublé d’un fétichisme qui touche au malaise.

Armaguedon est à l’avant-garde de ce qui se passe à l'époque quant à l’influence de la télévision et son irruption, dans la vie de tous les jours. Il dénonce ainsi l’abrutissement des masses par la stupidité de ses programmes. Mais également le pouvoir radical que cette télévision exerce puisqu'elle est au centre de toute communication. Sur un ou trois écrans, y règnent contrôle, trafic de la réalité, accès à la célébrité et, au final, un prisme déformant. Jessua annonce dans le spectacle final un Jacques Martin (Paix à son âme) en devenir avec son divertissement spectacle «Welcome La vie», faussement empathique, hypnotique de connerie. Le film est à cet égard visionnaire d’une société spectacle qui fait aujourd’hui de l’individu un spectacle à part entière. La volonté de Carrier, être entendu, réveiller une France endormie, reste louable en soit. Mais les moyens mis en œuvre pervertissent son idée jusqu’à la rendre nauséeuse et quasiment LePeniste, alors qu'il se voudrait révolutionnaire

L’enracinement social du discours reste de ce fait toujours aussi fort. La fable sociale et politique de Traitement de choc trouve sa prolongation logique dans ce film. Les références politiques et économiques y subissent là aussi des attaques en règle. Le PDG de Mercedes Benz se voit ainsi considéré comme le chef d’une usine d’esclaves !

Visuellement parlant, on peut noter une omniprésence de la couleur rouge, que l'on retrouvera aussi, encore plus présente, dans Les Couleurs du diable et qui tranche avec une mise en avant de la grisaille. Le début du film, se déroulant dans une banlieue urbaine quelconque, rappelle l’origine du désespoir, de la frustration, de l’ennui comme terreau du malaise ambiant. Cette vision noire du milieu urbain, entre pauvreté, peur et désœuvrement, se retrouve aussi à plusieurs reprises au long de la filmographie d’Alain Jessua.

Distribution

Fiche technique


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