Cendres et Sang

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Cendres et Sang ( Cenuşă şi sânge en roumain, Cinzas y Sange en portugais) film (coproduction franco-roumaine et aussi portugaise) réalisé par Fanny Ardant en 2009. Le film a été présenté au Festival de Cannes 2009.

Analyse critique

Depuis l'assassinat de son mari dix ans plus tôt, Judith vit en exil avec ses trois enfants qui ont été témoins du drame. Judith est vouée à la tragédie, elle vit à Marseille, loin de son pays, situé quelque part vers l'Est, avec deux fils, l'un violent, l'autre moins, et une fille que le meurtre de son père a laissée sourde.

Après avoir refusé pendant des années de revoir sa famille, Judith, malgré ses craintes et ses secrets, se laisse fléchir par le désir de ses enfants et accepte l'invitation au mariage de leur cousine. Ils partent passer un été au pays, à la découverte de leurs racines et de leur histoire.

Un prologue en noir et blanc montre l'assassinat. Celui-ci est l'aboutissement d'une rivalité entre clans. En épousant le père de ses enfants, Judith avait trahi sa tribu qui voue à la famille de l'époux une haine héréditaire, mais c'est dans cette dernière famille qu'elle choisit d'emmener ses enfants, à l'occasion de cette noce.

Dans une plaine d'Europe orientale, où l'on passe du roumain au français, où l'on élève des chevaux, d'autres rancœurs immémoriales viendront s'empiler pour amener Judith et ses enfants jusqu'au bain de sang annoncé depuis les premiers plans. Inexorablement, l'engrenage de la violence se met en marche, le sang appelant le sang.

L'influence d'un récit de l'écrivain albanais Ismail Kadare, Eschyle ou le grand perdant est revendiquée, mais on peut y voir aussi la trace du Colomba de Prosper Mérimée. Les héros explorent un monde où le temps semble arrêté, où règnent des mots chez nous oubliés : honneur, vengeance et trahison...

Fanny Ardant n'a pas choisi la facilité pour son premier film en tant que réalisatrice, à l'occasion de son soixantième anniversaire; elle a donné naissance à un opus d'une bizarrerie que l'identité de son auteur rend encore plus extrême.

Fanny Ardant fait évoluer ses personnages dans un temps et un espace curieusement définis : le moteur à explosion est en usage, mais pas les télécommunications, les costumes sont d'une élégance rurale intemporelle, les mœurs régis par un code d'honneur patriarcal et sanguinaire dont les femmes se font les garantes les plus fermes.

On croit deviner que Judith, à qui Ronit Elkabetz prête ses gestes exagérés, ses expressions outrées, a délibérément choisi la voie de tragédie, mais les raisons, psychologiques ou dramatiques, de ce choix restent cachés et laissés à l'imagination du spectateur.

Fanny Ardant révèle un jeune comédien intense, Abraham Belaga, sorte de jeune Benoît Magimel. Et la demeure de cette famille roumaine, vaste, peuplée d'excentriques (l'ancêtre autoritaire, l'oncle musicien) évoque par moments la légèreté sensuelle de certains films qu'elle interpréta comme Les Dames de la côte. Mais le ton dominant reste le tragique, lorsque la violence s'embrase, lorsque les yeux noirs de Ronit Elkabetz s'obscurcissent encore, le film frôle le précipice, mais reste sur les rails malgré l'inexpérience, mais grâce au courage de F. Ardant.

Fanny Ardant déclare:
L'histoire de la violence est inscrite dans les cicatrices, visibles ou invisibles. La violence n'est pas uniquement dans les coups! Tout ce que l'on perd ou ce que l'on gagne arrive souvent par une sorte de violence, ce que l'on subit aussi. Nous portons en nous des sortes de cicatrices, faites de tout ce que l'on a accepté. En racontant l'histoire de cette famille, je voulais parler de l'empreinte que peut laisser la violence, la terreur sur les êtres humains, l'autorité de la loi, l'humiliation...

Distribution

  • Ronit Elkabetz: Judith
  • Tudor Aaron Istodor: Louppos
  • Abraham Belaga: Pashko
  • Marc Ruchmann: Ismaël
  • Claire Bouanich : Mira
  • Olga Tudorache: Venera
  • Ion Besoiu: Timos
  • Răzvan Vasilescu: Samir
  • Andrei Finţi
  • Zoltan Butuc: Le fiancé de Judith
  • Mădălina Constantin: Ilaria
  • Oana Pellea

Fiche technique

  • Réalisation : Fanny Ardant
  • Scénario: Paolo Sorrentino, Fanny Ardant, inspiré du roman Eschyle ou le grand perdant de Ismail Kadare
  • Directeur de la photographie : Gérard de Battista
  • Montage : Célia Lafitedupont
  • Production : Tudor Giurgiu
  • Le film a été présenté hors compétition, en séance spéciale "Hommage à Fanny Ardant", dans le cadre de la Sélection officielle du 62ème Festival de Cannes
  • Date de sortie en salles : 9 septembre 2009
  • Durée : 105 minutes


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