De bon matin

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De bon matin film franco-belge réalisé par Jean-Marc Moutout, sorti en 2011.

Analyse critique

Lundi matin, Paul Wertret se lève sans bruit pour ne pas réveiller sa femme. Il lace ses chaussures, noue sa cravate, part à son travail, à la banque où il est chargé d’affaires. Il arrive, comme à son habitude, à huit heures précises, sort un revolver et abat deux de ses supérieurs. Puis il s’enferme dans son bureau. Dans l’attente des forces de l’ordre, cet homme, jusque là sans histoire, revoit des pans de sa vie et les évènements qui l’on conduit à commettre son acte.

Jean-Marc Moutout avait, dès son premier long métrage Violence des échanges en milieu tempéré (2003), pointé l'inhumanité de la gestion des ressources humaines.

Mais le réalisateur s'intéresse moins aux mécanismes du harcèlement moral qu'au portrait psychologique d'un homme dont l'existence vacille. De plus Moutout décourage longtemps l'identification avec cet anti-héros qui, tout victime qu'il est, est loin d'être un saint.En effet, entre Paul et ses persécuteurs (joués par Xavier Beauvois et Yannick Renier, sobres et glaçants), il n'y a pas une différence de nature mais de degré et aussi de génération. Le récit en flash-back reconstitue l'histoire d'un « cadre dynamique » modèle, rouage efficace d'un système dans lequel il a cru pendant des années. A la moindre occasion, il retrouve ses réflexes de manager, avec le discours du parfait « winner ».

La dépression de Paul est due, aussi, à une terrible prise de conscience : il n'a pas été l'homme qu'il voulait être, ni dans son travail ni dans sa famille. Réfugié sur son bateau de plaisance, il téléphone à une vieille connaissance. Aux hésitations de l'un, aux silences de l'autre, on devine que ces deux-là ont été proches, que leur amitié a été trahie. Pendant plusieurs minutes, Paul essaie de réparer les dégâts commis vingt ans plus tôt. Avec maladresse et, surtout, trop tard. Toute la tristesse des illusions perdues, tout le désespoir d'une vie gâchée défile alors dans la voix étranglée de Jean-Pierre Darroussin.

Mais, à force de vouloir démonter un à un les ressorts, professionnels et personnels, mais aussi sociopolitiques car le film résonne fortement avec l’actualité du libéralisme financier en crise, De bon matin dilue le mystère même de l’équation humaine. Il n’existe probablement pas une implacable logique libérale des choses, conduisant immanquablement chacun à une légitime extrémité, ce que le film, sans l’avoir cherché finirait presque par induire.Le découpage rigoureux, la scénographie de certains plans-séquences et la direction d’acteurs conduisent à un ensemble froid et implacable.

Distribution

• Jean-Pierre Darroussin : Paul
• Valérie Dréville : Françoise, la femme de Paul
• Xavier Beauvois : Alain Fisher, le patron
• Yannick Renier : Fabrice Van Listeich, le jeune talentueux
• Laurent Delbecque : Benoît, le fils de Paul et Françoise
• Aladin Reibe : Antoine, le collègue le plus proche de Paul
• François Chattot : Lancelin, le collègue accusé
• Nelly Antignac : Clarisse, la collègue licenciée
• Pierre Aussedat : Foucade, le grand patron
• Ralph Amoussou : Youssef, le jeune malien
• Frédéric Leidgens : le docteur Hogard, psychiatre du travail
• Richard Sammut : Roberto
• Marion Denys : Annette
• Eloïse Dogustan : Sonia, une petite amie de Benoît
• Jean-François Pages : Eric

Fiche technique

• Titre : De bon matin
• Réalisation : Jean-Marc Moutout
• Productrices : Margaret Ménégoz et Régine Vial
• Scénario : Jean-Marc Moutout, Olivier Gorce et Sophie Fillières
• Sortie : 5 octobre 2011
• Pays : France, Belgique

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