Eva Kotatkova

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Eva Kotátková plasticienne contemporaine tchèque, née en 1982 à Prague, en République Tchèque, où elle vit et travaille.

Biographie et œuvre

Eva Kotátková a étudié à l'Académie des Beaux-Arts de Prague, à l' Académie des arts appliqués de Prague, au San Francisco Art Institute et à l' Akademie de Vienne en Autriche Wien. En 2007, à l'âge de 25 ans,elle est devenue la plus jeune artiste à avoir été reçu le Prix Jindrich Chalupecky pour les jeunes artistes de la République tchèque. Les techniques de base qu' utilise Kotátková dans son travail sont le dessin, la vidéo ou la photographie de ses performances, éléments qu'elle réunit ensuite dans de vastes installations à thème.

Associant dessins et sculptures, les vastes installations d’Eva Kotátková suggèrent l’emprise de l’environnement physique et social sur le corps du citoyen. Par le biais d’appareillages complexes qui enferment ou distordent le corps humain, les situations spécifiques créées par ses œuvres les transforment en véritables machines vivantes.

Son installation Re-education machine est présentée au MAC de Lyon dans le cadre de la Biennale 2011.

La Re-education machine se présente comme une grande salle pleine de livres, de cadres, de tuyaux, de citernes et de dessins. Au premier abord, les machines loufoques créées par Eva Kotatkova ont quelque chose de ludique, semblent interactives, nous invitent à les essayer. L’installation a le charme fascinant d’un cabinet de savant fou. Sa patine suggère les expositions universelles du XIXe siècle, le chantier de construction du Nautilus de Jules Verne ou la machine à voyager dans le temps de H.G.Wells. Mais ce jeu tourne vite au piège.

Car on s’aperçoit que la machine à rééduquer a tout du camp de redressement idéologique d’un régime autoritaire. De vieux ouvrages de mécanique ou de grammaire sont pendus sur un gibet-guillotine, puis passent dans une immense citerne en entonnoir par un tuyau de cuivre. Une roue, on ne sait si de moulin ou de supplice, les récupère avant de les presser puis de les laisser mariner dans un liquide jaunâtre qu’on imagine corrosif. Le suc idéologique de cette distillation est coulé dans le cerveau d’écoliers enfermés dans des cages à lecture qui les empêchent de détourner le regard des manuels imposés.

Le camp de vacances est dégradé en parcours de censure. On ne sait jamais si la machine détruit ou produit des livres, image par excellence du savoir. Les deux certainement puisqu’il s’agit de dés-éduquer avant de ré-éduquer, de vider avant de remplir les réceptacles que sont ces enfants ; que nous sommes tous.

Car toute éducation est un dressage. L’origine tchèque de l’artiste ne suffit pas à épuiser le sens de cette œuvre puissante. La normalisation des esprits imposée par l’URSS aux libéraux tchèques, surtout après le Printemps de Prague, est également dans le fond de cette vision de pédagogie cauchemardesque. Mais Eva Kotatkova nous rappelle avec une fougue et un art plastique admirables, que notre formation scolaire est toujours celle d’un autre. Qu’elle est décidée et préparée par un ministère, imposée par des parents ou des professeurs. La phobie scolaire est une peur de l’autorité ressentie comme telle. Et elle s’applique également au corps et à ses pratiques. Les geôles à courber le dos pour obliger à lire sont une image de cette réunion de l’esprit et du corps dans une torsion imposée conjointement, dans une contrainte commune. L’éducation n’est jamais libre et moins sous un régime autoritaire.

On comprend que les dessins au mur, naïfs à la manière de certaines affiches de propagande, sont en fait les modes d’emploi des machines présentées dans la salle. La pratique de la cruauté est rendue didactique. Tout parait organisé selon la rationalité la plus étroite et la plus amorale. Les rouages de cette mécanique semblent implacables. Et pourtant, ses parties sont désunies entre elles, ne forment pas un tout cohérent. L’absence de but fait tourner la machine à vide. Elle fait d’elle un bric-à-brac ridicule et atroce régi par l’absurde. L’absurde désamorce l’horreur du camp tout en saisissant son principe même. Eva Kotatkovafa mène dans ses œuvres une réflexion philosophique profonde par les moyens d’une matérialité flamboyante.

Déclarations

Eva Kotátková déclare en 2008 :
Le point de départ de mon travail est mon plus proche environnement, les communautés de base naturellement structurées comme des ménages, la famille ou l'école avec leurs mécanismes, les rituels et les systèmes de dépendances mutuelles. Mon travail me donne un instrument pour explorer ces unités, les présenter dans des contextes nouveaux et refléter ma propre position en leur sein. Dans le même temps, je me concentre sur le processus artistique lui-même et de son langage: cela implique des révisions permanentes des moyens classiques de la représentation, les procédures et techniques artistiques.
Je travaille avec des histoires quotidiennes et les situations, pour les réévaluer, les transformer, les localiser au sein de nouvelles coordonnées, données par mon expérience personnelle. Je teste mes propres dispositions physiques, la flexibilité et les limites de ma capacité à vivre des situations particulières, les relations spatiales et personnelles. Les sorties ne visent pas à l'unité dans la forme et le style, les dessins, les objets et les actions s'interpénètrent et se complètent les uns les autres. Je prends les choses hors de leurs milieux naturels et les réorganise dans des ensembles nouveaux. Je les transformer en mécanismes sans fonction, hybrides, des conglomérats de formes, de matériaux, des choses avec des souvenirs divergents.
Il est particulièrement important de travailler l'installation: elle détermine la façon de voir les choses, souvent au moyen d'un équipement construit à cet effet, et de se déplacer dans l'espace, malgré divers obstacles mis en place pour le corps. L'envie d'impliquer le spectateur dans l'environnement nouveau, avec son ordre propre impénétrable, d'exposer lui / elle pour une nouvelle expérience perceptuelle, m'a conduit à la recherche permanente de diverses formes d'expression. La mesure de leur efficacité est l'intensité physique et la force associative de leur impact sur le spectateur. Toutefois, un enregistrement obsessionnel des choses et des situations par le biais du dessin reste pour moi la façon la plus intime et direct d'expression.

Expositions (sélection)

  • 2010 ; Educational Model, Kunstvereniging Diepenheim,Pays-Bas
    • City of Old, Meyer Riegger, Karlsruhe, Allemagne
    • Reading Room, Space for One Work, Moravian Gallery, Brno, République Tchèque
  • 2011 11e Biennale de Lyon, Une terrible beauté est née.
    • Duům umeění, House of Art, Ceske Budejovice, République Tchèque
  • 2013 : Biennale de Venise 2013 (Ghiardini)

Galerie

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Biennale de Lyon 2011 The Re-education Machine, 2011

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Biennale de Venise 2013 (Ghiardini)

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