La Colline des hommes perdus

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La Colline des hommes perdus (The Hill) film britannique de Sidney Lumet, sorti en 1965.

Analyse critique

Durant la Seconde Guerre mondiale, dans un camp disciplinaire britannique en plein désert de Libye, se dresse une colline artificielle construite par les prisonniers qui doivent en outre la monter et descendre sous le soleil, surveillés par le sergent Williams qui s'en délecte.

Ce film (britannique mais réalisé par un Américain) suit l'évolution psychologique de cinq hommes, confrontés à de perpétuels « exercices » vains et brimades, sous la houlette d'un sous-officier sadique. La Colline des hommes perdus dénonce cet abus de pouvoir et la prétendue « thérapie » à laquelle sont soumis les soldats rebelles à la hiérarchie militaire (dont l'organisation est également dénoncée). Le film, efficace et sans concessions, donne à Sean Connery un rôle aux antipodes de ses James Bond contemporains.

Ray Rigby, l'auteur de « The Hill », a véritablement connu les camps de détention d'Afrique du Nord durant la Seconde Guerre mondiale et Sidney Lumet, chargé de mettre en scène l'adaptation cinématographique de son récit, met toute son énergie à retranscrire au mieux cette expérience traumatisante et douloureuse vécue par l'écrivain. Le projet lui vient de Sean Connery qui voit dans ce film l'occasion d'échapper à la franchise James Bond

Il y a dans « The Hill » un discours humaniste et progressiste. Le film dénonce toute forme de discipline reposant sur la peur et l'humiliation, la violence du pamphlet dépassant le seul cadre de l'armée. Rigby et Lumet montrent les rouages d'un système où les petits chefs peuvent donner libre cours à leurs penchants sadiques car ils sont protégés par leurs galons, les hommes les moins gradés fermant les yeux devant des ordres injustes par crainte des représailles. Tout fonctionne ici sur la peur, c'est elle qui pousse les prisonniers à se soumettre, c'est elle qui amène les gardiens à abdiquer leurs préceptes moraux. Tout au long de sa carrière, Lumet reviendra sur ce thème de l'injustice - et de son corollaire, la désobéissance, qui trouve déjà ici sa magistrale expression.

Le cinéaste nous place au plus près de ces cinq personnages qui, écrasés par un système inique, voient leur personnalité être niée, dégradée puis détruite. Lumet livre un film sans compromis qui nous fait ressentir toute la violence de l'institution et le désespoir de ces hommes qui ont été mis au ban de la société. L'ensemble de l'interprétation compte pour beaucoup dans les sentiments de vérité et d'urgence qui imprègnent le film. Une vérité qui vient aussi des conditions de tournage et de l'imposant décor construit pour l'occasion en Espagne, dans la région d'Alméria.

Lumet tourne pendant cinq semaines, sous une température de 45 degrés, les acteurs sont exténués, surtout ceux qui incarnent les prisonniers et qui doivent réellement grimper la colline sous cette chaleur écrasante. Tout ceci fait que le film est d'une rare intensité, celle-ci étant bien entendu encore renforcée par les choix de mise en scène de Lumet. Le cinéaste filme au départ en 28 mm puis change de focale progressivement, passant au 21, puis au 18mm afin de s'approcher au plus près des visages et de capter la peur ou la colère des hommes perdus. Ce choix d'objectifs lui permet aussi de déformer les perspectives, ce qui renforce encore la douleur des victimes et la folie sadique des tortionnaires. Le scénario du film retient l'attention du Jury du Festival de Cannes, prix qui aide ce film radical à trouver son public en Europe, ce qui n'est pas le cas aux États-Unis où il reçoit un accueil glacial.

Distribution

  • Sean Connery : Joe Roberts
  • Harry Andrews : Adjudant-chef Bert Wilson
  • Ian Bannen : Sergent Charlie Harris
  • Alfred Lynch : George Stevens
  • Ossie Davis : Jacko King
  • Roy Kinnear : Monty Bartlett
  • Jack Watson : Jock McGrath
  • Ian Hendry : Sergent Williams
  • Michael Redgrave : Capitaine-médecin
  • Norman Bird : Commandant du secteur
  • Neil McCarthy : Burton
  • Howard Goorney : Walters
  • Tony Caunter : Martin

Fiche technique

  • Titre original : The Hill
  • Réalisation : Sidney Lumet
  • Scénario : Ray Rigby, d'après la pièce homonyme de Ray Rigby et R.S. Allen
  • Photographie : Oswald Morris
  • Musique : Cristobal Asencio
  • Montage : Thelma Connell
  • Producteur : Kenneth Hyman, pour la Metro-Goldwyn-Mayer et Seven Arts Productions
  • Durée : 123 mn
  • Date de sortie : mai 1965 (Festival de Cannes)
  • Distinction : Prix du scénario pour Ray Rigby au Festival de Cannes


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