La Dame de Shanghai

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La Dame de Shanghai (The Lady from Shanghai) film américain d'Orson Welles sorti en 1947

Analyse critique

Michael O'Hara fait la connaissance de la ravissante Elsa Bannister, qu'il sauve peu après d'une agression. Elsa est mariée à Arthur Bannister, un riche avocat âgé peu scrupuleux, boiteux. De retour de Shangaï, Elsa fait embaucher Michael sur le yacht de son mari. O'Hara tombe sous le charme d'Elsa sous le regard indifférent de son mari quand, à l'occasion d'une escale, George Grisby, l'avocat associé de Bannister, lui fait une singulière proposition : faire semblant de le tuer et signer des aveux, sans risque contre une grosse somme d'argent avec l'argument qu'on ne peut pas être poursuivi en Californie tant que le corps n'est pas retrouvé par la police.

Michael voit dans cette somme la possibilité de pouvoir enfin partir avec Elsa et il accepte. Mais Grisby est effectivement tué et Michael qui avait signé une déclaration compromettante est aussitôt accusé du crime. Michael passe en jugement. Bannister le défend, mais maladroitement afin qu'il soit condamné. Michael s'échappe avant le verdict, décidé à trouver le véritable assassin. Il comprend qu'Elsa avait tout à gagner à la mort de Grisby. Elsa et son mari se retrouvent dans un étrange parc d'attraction et s'y entretuent.

La Dame de Shanghai marque la venue de Welles au film hollywoodien avec le mélange de deux genres typiques : le film noir et le film d'aventure. L'intrigue, basée sur la corruption et la manipulation, avec en plus la présence d'une femme fatale, est typique du genre noir, mais son décor et son déroulement font plus penser au film d'aventure. Le Film noir est un genre immobile, clos, nocturne. Ici, on va de San Francisco aux Caraïbes pour se retrouver au tribunal et quelques minutes plus tard à Chinatown, et la plus grande partie du film s'est déroulée à bord d'un yacht, décor mobile par excellence. La fusion de ces deux genres diamétralement opposés fait de La Dame de Shanghai un film hollywoodien atypique, et l'un des films les plus étranges tout court.

Le personnage d'Elsa Bannister, interprété par Rita Hayworth, est une femme fatale originale et presque surnaturelle, mais elle ne trompe personne. Pour le spectateur, il est clair dès le début qu’il s’agit d’un monstre assoiffé de sang et d'argent, qui, dans la célèbre scène de la galerie des glaces, devient littéralement une créature surnaturelle, entre le requin et le dragon, digne de King Kong ou de Godzilla.

Mais à travers une histoire peu crédible, Welles a voulu dresser un portrait de la société américaine : le portrait d'une société de requins qui se dévorent, qui n'ont pour but que de gagner de l'argent, quel qu'en soit le prix. Cet aspect prend tout son sens lors du final, où le film se déconstruit sous les yeux de Welles et du spectateur, donnant l'impression de se réveiller d'un cauchemar, d'une mascarade dont les acteurs ne seraient que de sinistres pantins ne songeant qu'à amasser le plus possible en s’entretuant. Cette mascarade, semble nous dire Welles, c'est l'Amérique. La Dame de Shanghai se révèle être le film le plus fantasmatique de son auteur, et aussi l'un de ses plus personnels.

Entrepris après des insuccès publics, le film devait, grâce à la présence de sa vedette Rita Hayworth, assurer enfin la réussite commerciale d'un réalisateur salué jusqu'ici par la seule critique.

Distribution

  • Rita Hayworth : Elsa 'Rosalie' Bannister
  • Orson Welles  : Michael O'Hara
  • Everett Sloane  : Arthur Bannister
  • Glenn Anders  : George Grisby
  • Ted De Corsia  : Sidney Broome
  • Erskine Sanford  : Juge

Fiche technique

  • Titre original : The Lady from Shanghai
  • Réalisation : Orson Welles
  • Scénario : Orson Welles, d’après le roman de Sherwood King, If I Die Before I Wake
  • Photographie : Charles Lawton Jr., Rudolph Maté
  • Musique : Heinz Roemheld, Morris Stoloff
  • Montage : Viola Lawrence
  • Production : Orson Welles, William Castle (associé) et Richard Wilson (associé)
  • Société de production : Columbia Pictures
  • Format : noir et blanc – 35 mm – 1,37:1 – mono
  • Durée : 87 minutes
  • Dates de sortie : France, 24 décembre 1947
    • États-Unis : 9 juin 1948


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