La Soif du mal

De Wiki de A à Z.

Version du 5 février 2011 à 10:02 par Zawiki (discuter | contributions)
(diff) ← Version précédente | Voir la version courante (diff) | Version suivante → (diff)

La Soif du mal (Touch of Evil) film policier américain réalisé par Orson Welles, sorti en 1958.

Synopsis

L'action débute à la frontière américano-mexicaine. Il fait nuit, soudain une voiture qui vient du coté mexicain explose sur le sol américain, juste après avoir passé la douane. L'enquête policière sera menée conjointement par un policier américain Hank Quinlan et un policier mexicain Mike Vargas. Les droits se frôlent, les devoirs se noient dans le sombre des ombres de la nuit. Un nouveau flic ( Vargas ) se présente, qui ne pense pas plus à la résolution du crime qu’à la sauvegarde de son intégrité. Et son intégrité passe par son épouse, aussi vivace que lui. La pègre trouve un moyen d’intimider cette épouse des actions de son mari nocives sur elle.

Un autre flic, le « héros », opulent tant dans le corps que dans son occupation de l’espace, démontre fallacieusement que le crime a été causé par un innocent aisément coupable, et, pour cela il présente une preuve accablante fournie par un comparse. Or, le flic intègre (Vargas) remarque que cette preuve est fausse, qu’elle a été construite par le véreux. Aussi va-t-il procéder à des recherches sur les « résolutions » antérieures du flic en question. Il s’avère que toutes sont douteuses.

La pègre tente de montrer que la femme du flic intègre est une droguée nymphomane, adepte de bacchanales. Mais le flic véreux qui a passé un contrat avec cette pègre pour annihiler l’intègre, redevenu alcoolique, décide de corrompre l’intègre par le crime qu’il commet : celui de l’homme de la pègre.

Le hic, c’est que cette méthode révèle à un équipier du véreux qu’il est vraiment véreux, outrancièrement. Aussi, dans un sursaut de dignité, va-t-il se mettre du côté de l'intègre pour prouver les délits du véreux. Celui-ci, finalement, tente de tuer son ancien complice qui lui retourne la balle. La femme retrouve sa pudeur, et tout rentre dans l’ordre.

C’est un film extraordinaire, tant dans la mise en scène que la prise de vue faite de travelling d’une « longueur de quatre pages » en une minute et demi. Plongée, contre-plongée, noir sur noir, clair-obscur, absence et suggestion, ellipse et concrétude, ce film présente en une quadruple demi-heure tout l’art du cinéma, son intensité, sa force informelle, son sens de l’absolu à sa propre recherche atteignable et pourtant là dans la pureté de l’amour reconnu.

Le scénario de La Soif du mal, plein de conventions, de complaisances et d'invraisemblance est l'un des plus médiocres qu'on ait vu dans un policier d'après guerre. Et pourtant Welles en tire un film extraordinaire. Ce film permet à Welles revenir travailler une dernière fois dans les studios américains. De ce qui n'était qu'une commande sans ambition, Welles fait un film complexe et personnel. Le cadre sordide d'une petite ville frontière métaphorise l'impossibilité de tracer des lignes de démarcation nettes entre les principes opposés qui gouvernent nos vies.

Le très long plan séquence qui ouvre le film, tourné à partir d'une grue en mouvement, est considéré comme un modèle du genre. Welles utilise le plan-séquence dans une optique opposée à celle de Preminger qui voulait par là faire oublier le découpage et le montage, dans ce rêve idéalement classique d'un film qui serait composé d'un seul plan. Le plan-séquence de Welles se revendique comme tel dans chacune de ses secondes. Le plan-séquence est une prouesse destinée à couper le souffle et à engendrer un suspens interne qui concerne moins l'action proprement dite que la virtuosité du metteur en scène. Pour le reste, c'est à dire l'usage des courtes focales et des cadrages insolites, plongées et contre-plongées, recréent un espace crépusculaire.

Le film est un échec public, envenimé encore par les relations tumultueuses du cinéaste avec le studio. C'est le point final de sa carrière américaine de réalisateur de films. Orson Welles, mécontent des modifications apportées à son montage, envoya au studio une note de 58 pages comprenant les changements qu'il envisageait d'apporter au film qui devait finalement sortir. C'est sur la base de cette note qu'en 1998, une nouvelle version a été remontée afin de rétablir la vision du réalisateur.


Distribution

  • Charlton Heston : Ramon Miguel «Mike» Vargas
  • Janet Leigh : Susan Vargas
  • Orson Welles : Hank Quinlan
  • Akim Tamiroff : « Oncle Joe » Grandi
  • Joseph Calleia : Pete Menzies
  • Valentin De Vargas : Pancho
  • Dennis Weaver : veilleur de nuit
  • Marlene Dietrich : Tana
  • Joseph Cotten : le médecin légiste
  • Mercedes McCambridge : la femme chef du gang
  • Zsa Zsa Gabor : la tenancière
  • Harry Shannon : le chef Gould

Fiche technique

  • Titre : La Soif du mal
  • Titre original : Touch of Evil
  • Réalisation : Orson Welles
  • Scénario : Orson Welles, et Paul Monash, adapté de Badge of Evil de Whit Masterson.
  • Producteur : Albert Zugsmith - version restaurée : Rick Schmidlin
  • Musique : Henry Mancini et Joseph Gershenson
  • Photographie : Russell Metty
  • Direction artistique : Alexander Golitzen
  • Montage : Aaron Stell - version restaurée : Walter Murch
  • Format : Noir et blanc
  • Durée : 93 minutes à sa sortie - version restaurée : 108 minutes
  • Date de sortie : 23 avril 1958
    • version restaurée : 11 septembre 1998
  • La séquence d'ouverture du film restauré vidéo sur Youtube


Retrouvez tous les détails techniques sur la fiche IMDB

Outils personnels

Voir aussi les films d' Ann ; le cinéma de Nezumi; les Artistes contemporains / Randonnées dans les Pyrénées

Voyages : les merveilles du Japon; Les temples et des montagnes du Népal