Le Scaphandre et le Papillon

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Le Scaphandre et le Papillon est un film français du réalisateur américain Julian Schnabel, sorti en 2007.

Sommaire

Synopsis

Le Scaphandre et le Papillon raconte l'histoire vraie de Jean-Dominique Bauby, rédacteur en chef du magazine ELLE, qui tombe dans un coma profond. A son réveil, toutes ses facultés motrices sont réduites à néant, il est atteint du "locked-in syndrome", il ne peut ni parler ni respirer sans assistance.

En 1997, le grand public découvre le locked-in syndrome dans son livre. Jean-Dominique Bauby y décrit sa nouvelle condition d'emmuré vivant suite à un accident vasculaire cérébral. Ce livre a été dicté par le clignement de sa paupière gauche, lettre par lettre, à un tiers locuteur.

Le locked-in syndrome

Le locked-in syndrome, ou LIS, est un état neurologique rare . Le patient est éveillé et totalement conscient, il voit tout, il entend tout mais ne peut plus ni bouger ni parler en raison d'une paralysie complète exceptée le mouvement des paupières. Les facultés cognitives du sujet sont intactes d'où le nom de locked-in syndrome ou syndrome d'enfermement. Le locked-in syndrome est consécutif à un accident vasculaire cérébral. Le locked-in syndrome est la conséquence d'une lésion étendue du tronc cérébral, le plus souvent au niveau de la protubérance.

Les patients LIS sont pleinement conscients de leur corps et de leur environnement. Bien que n'ayant pas ou peu de contrôle sur leurs membres, ils peuvent les situer avec exactitude dans l'espace, et contrairement aux patients paralysés suite à une atteinte de la moelle épinière, ressentent encore le toucher et la douleur.

Les premières descriptions d'état apparenté au LIS semblent provenir de la littérature. En 1844, Alexandre Dumas décrit dans son roman Le comte de Monte Cristo un état ressemblant au LIS sous les termes: un cadavre avec des yeux vivants. Son personnage, Monsieur Noirtier de Villefort, victime d'une attaque, survit et apprend à communiquer à l'aide de clignement de paupières et de mouvements verticaux.

Critique

La réalisation du premier quart du film se révèle d’une étonnante efficacité pour rendre compte de ce que l’on peut ressentir à cet état d’impuissance absolue. La caméra pénètre l’intérieur de Mathieu Amalric et grâce à un cadrage tout à fait instable ainsi qu’à une image embuée qui retranscrit la vue du personnage, on n’est plus le spectateur d’une histoire mais acteur de celle-ci. La transposition de l’esprit est telle que le malaise profond est au-delà de la simple empathie morale et devient aussi physique. Sans maniérisme et en ôtant tout effet de style ou quelque exagération filmique, Julian Schnabel parvient à faire prendre réellement conscience au spectateur de la situation terrible dans laquelle le malade se trouve.

On pense alors au sublime Jonnhy s'enva-t-en guerre de dalton trumbo (1970) sur un thème voisin, même si dans ce cas là l'enfermement provient d'une blessure de guerre. Ici, Le Scaphandre et le papillon réussit un tour de force majestueux en filmant l’histoire d’un homme dépourvu de toutes fonctions motrices et incapable de parler

Le pari risqué que Schnabel a pris adopte une tournure remarquable par cette prouesse technique s’alliant à une émotion artistique forte mais aussi et surtout par le point de vue entièrement assumé et poussé à son paroxysme, celui de l’immobile en question. La voix off qui narre cette histoire et ce qu’il ressent, c’est celle de Mathieu Amalric. Alors qu’on lui adresse la parole, on entend ce qu’il pense, ce qu’il souhaiterait dire mais condamné au silence éternel on entre pourtant dans son esprit.

Rester en lui ne permettait pas d’avoir le recul nécessaire sur sa situation. C’est pourquoi, amenée en douceur, l’apparition objective du personnage introduit un nouvel aspect au récit : ce qu’une personne peut ressentir une fois face à cet homme inerte. Sans la moindre intervention de la voix off, le seul œil est le lien entre lui et le reste, y compris le spectateur. Après l’immersion, la raison.

Malgré la base profondément tragique de cet accident, le réalisateur parvient à escamoter toutes formes de pathos et même à introduire dans le récit des notes d’humour allégeant la lourdeur du problème et dressant un portrait appuyé et véritablement personnel de ce personnage. Les frontières entre le rire et les larmes sont floues, la caricature horripilante de certains films qui imposent le sentiment au spectateur se voit ici estompée pour laisser place à un sempiternel état d’entre deux, de non radicalité propre à la vie.

Car le parti pris est immédiatement indentifiable : s’introduire dans les pensée de ce personnage en lui conférant ainsi une seconde vie, un testament posthume. Finalement, Jean-Dominique prendra comme décision d’écrire un livre, seule activité qu’il soit capable encore de réaliser, s’évadant ainsi dans un imaginaire sans fin, faisant prendre conscience au spectateur qu’imaginer est accessible à tous mais simplement que personne ne prend le temps de le faire.

Au-delà de la performance hors normes de Mathieu Amalric, beaucoup de seconds rôles confèrent au récit cette intense richesse de sentiments, tous jouant avec retenue, comme une pudeur et une timidité vertueuse qui contraste paradoxalement aux pensées franches d’Amalric C’est là aussi l’intérêt du film, de faire valoir ce que l’entourage peut trouver comme discours dans un cas tel où la réponse est inexistante tandis que l’écoute est présente. La séquence du père (Max von Sydow) au téléphone en est la plus belle démonstration, opposition d’un être à 92 ans qui cherche à faire un parallèle avec son fils, l’un serait enfermé dans un appartement et l’autre dans son corps. Mais ce bref échange révèle l’incompréhension totale face à l’injustice permanente que la vie nous offre à l’image une roue que l’on tourne et cassant sans cesse ce continuum que chacun croit existant.

Distribution

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Anne Consigny, Marie-Josée Croze

Fiche technique

Récompenses



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