Le Sergent noir

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Le Sergent noir (Sergeant Rutledge), film américain de John Ford, sorti en 1960

Analyse critique

Arizona, 1881. Ce film traite d'un procès fait à un sergent noir de la cavalerie accusé d'avoir violé et tué une petite fille blanche. Le sergent Braxton Rutledge fait partie des « buffalo soldiers », troupe de soldats noirs engagés dans la guerre contre les Apaches. Accusé de viol et de meurtre, il est défendu par son officier, blanc, le lieutenant Thomas Cantrell.

Convaincu de son innocence, le lieutenant Cantrell, accepte d'assurer sa défense malgré les preuves accablantes accumulées contre lui. Plusieurs témoins l'ont en effet vu sortir de la maison du crime, un revolver à la main.

Quand Ford réalise ce film, en 1960, entre deux superproductions à grandes stars, il fait l’un de ses «  petits films » qui lui tiennent à cœur et estime sans doute n’avoir rien à prouver. Il aborde un sujet sensible en cette période de la lutte pour les droits civiques d’une façon à la fois personnelle et déroutante, traduisant bien ses propres contradictions dans la représentation des Noirs au sein de son oeuvre.

Pourtant, avec le recul, il donne à Woody Strode, ce magnifique acteur, ce splendide être humain, un rôle qui va bien au-delà de ce qui se pratiquait alors chez des cinéastes « progressistes » comme Stanley Kramer ou Martin Ritt. Tout est dans le titre qui met en avant le personnage. Il fait de son sergent noir un héros authentique.

Ce n’est pas la thèse qui l’intéresse mais le portrait d’un homme. « Il m’a filmé comme John Wayne, sur fond de Monument Valley » disait Strode. Chez Ford, la dignité n’est pas dans ce qui est dit mais dans ce qui est montré, dans la façon dont sont montrés même les plus humbles. C’est Muley dans Grapes of Warth (Les raisins de la colère), c’est le chef Poney-qui-marche dans She wore a yellow ribbon (La charge héroïque), c’est Cochise dans Fort Apache et c’est le sergent Braxton Rutledge.

Le Sergent noir n’a qu’un héros et il développe un autre thème tout aussi important et finalement plus significatif que celui du racisme. Il s’agit de la vieille idée, chère au cœur de Ford, de la dignité et du dévouement, qui s’identifie, comme si souvent dans le passé, à la tradition de la cavalerie américaine.

Les deux héros du film explicitent cette thématique et pour la première fois dans l’œuvre de Ford, l’un de ces deux hommes est un noir. Rutledge, en la personne du colossal Woody Strode, est moins une représentation psychologique que poétique ou même mythique du personnage. Sa silhouette, filmée en contre-plongée, se détache, monumentale, contre le ciel nocturne d’une colline du désert ; les images et les chansons l’identifient au capitaine Buffallo, incarnation de tout ce qu’il y a de plus fort et de plus beau dans la tradition du soldat noir. D’ordinaire joué sur le rythme d’une marche, le chant traditionnel du capitaine Buffalo est ici joué de façon lente, élégiaque.

Distribution

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