Les Vacances de monsieur Hulot

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Les Vacances de monsieur Hulot film français réalisé par Jacques Tati, sorti en 1953.

Analyse critique

Monsieur Hulot arrive en vacances dans une paisible pension de famille au bord de la mer. Il se montre maladroit et commet de nombreuses bourdes. Le film présente aussi, à travers différentes anecdotes, une galerie de types de vacanciers, à une époque où les vacances à la mer étaient encore peu répandues. A la fin de la semaine, les vacanciers repartent sans que rien d'important se soit passé.

Monsieur Hulot, personnage lunaire surgi de nulle part, débarque avec sa voiturette pétaradante pendant les congés d’été dans une station de bord de mer. Inconscient du principe qui l’anime, il se promène dans la vie courante de ces vacanciers en bouleversant les logiques de comportement qui s'y sont installées récemment.

Complètement dans son monde sans aucune perception de sa différence avec la collectivité, il révolutionne les règles communes du savoir-vivre en y inculquant sa folie douce. Affublé de son minuscule véhicule pétaradant, il éprouve par sa grande taille les pires difficultés à pénétrer à l’intérieur. La divine proportion est balayée par cette approche clownesque des éléments. L’homme n’en a cure, la disproportion est son royaume.

Le héros est très méticuleux, précis, mettant les tableaux d'aplomb, posant les cartes sur la table voisine. Cette précision est aussi un élément de construction de ses gags, où les objets et les personnes déplacés de leur contexte d'origine, provoquent le rire (la roue de secours transformée en couronne mortuaire, la dépouille de renard accroché à son éperon, etc.).

En ces années d'après-guerre, les vacances reprennent leur rythme et toute la société est représentée dans cet hôtel de la plage semblable aux autres, dans un contexte simplifié, dénudé, avec le peu d’animation sur les plages de cette époque, les vacanciers y semblant plutôt en cure. Cette morosité est chassée par la prestation de cet incorrigible gaffeur en représentation constante dans ce microcosme peu habitué au trouble où se côtoient l'homme d'affaires stressé, l'intellectuel, la femme élégante qui attire les regards, l'Anglaise, l'« ancien » militaire toujours en campagne, le couple de retraités, le sportif, etc.

Chez Hulot rien n'est prémédité, tout est naturel, et il va offrir d'inoubliables souvenirs de vacances à certains des vacanciers qui repèrent vite son atypisme : la jeune femme d'en face, le retraité, le fils de l'homme d'affaires, l'Anglaise, l'enjoignant à revenir l'année suivante.

La bande-son, extrêmement travaillée et omniprésente (le battant de la porte du restaurant, la pétarade de sa voiture, la cloche de la pension, etc.) est représentative de la méthode de travail de Tati. Ce sont les leitmotiv sonores du film. Le dialogue est rare, certaines voix volontairement inaudibles. L’image volontairement dominante révèle la force de la pantomime.

Jacques Tati est un adepte du gag mesuré, il faut avoir la patience de l'attendre sans précipitation en se berçant de scènes cocasses que nous offre cette faune de rencontre le temps des vacances. Pierre Étaix injustement oublié honora par Le Soupirant et Tant qu'on a la santé ce comique hors du commun qui juste après la guerre redonna par ses œuvres le sourire à tout un peuple.

Le film a aussi quelques accents politiques : danser plutôt que d'écouter un discours officiel, transformer un journal en chapeau plutôt que de le lire, rendre le discours de l'intellectuel inaudible et ennuyeux.

Jacques Tati réussit encore à montrer le genre humain en posant toutes ces structures qui le déterminent (la guimauve, la musique, la politique...) et l'organisent (la promenade à cheval, la compétition de tennis...). Tout pousse les différents acteurs à profiter de leurs vacances selon leurs moyens : la vie militaire d'un général qui ne sait comment se plaire et plaire aux autres autrement qu'en décidant de l'endroit idéal pour poser les conserves lors d'un pique-nique, celle d'un serveur malhabile qui préfère flâner autant que son patron, ou encore et surtout Monsieur Hulot qui s'affuble d'un comportement d'écuyer pour plaire à sa belle, lors de la séance d'équitation. La vie des hommes est prouvée dans ce film au-delà de ce que peut faire le cinéma, qui en tant que scénario ne peut que prévoir des situations, situations qui dans ce film se transforment en accidents. Et seul le rire peut nous amener à accepter dans tel décalage la vie d'individus qui s'efforcent de vivre en affirmant durant leurs vacances ce qu'ils pratiquent durant le reste de l'année. Les vacances sont étonnantes pour ceux-là qui ne connaissent pas le temps libéré et le farniente.

Le tournage des extérieurs a eu lieu en 1951 à Saint-Marc-sur-Mer, station balnéaire de la commune de Saint-Nazaire en Loire-Atlantique. Tati a utilisé divers lieux de la station, la plage, avec son Hôtel de la plage, équipé d'une fausse entrée, puisqu'il fonctionnait aussi comme hôtel, le cimetière, une villa dite Le Château, où a lieu la partie de tennis. La population de Saint-Marc a participé au film, mais dans une moindre mesure que celle de Sainte-Sévère pour Jour de fête. Le film ne cite pas le nom de Saint-Marc (sauf sur le plan final, grâce à un tampon de la poste en incrustration), contrairement à celui de Sainte-Sévère qui apparaît explicitement dans un plan de Jour de fête. Les scènes intérieures ont été tournées dans les studios de Boulogne-Billancourt au cours de l'année 1952 au cinéma|1952.

Jacques Tati a réalisé un nouveau montage et une nouvelle bande-son en 1963. En 1978, il est revenu à Saint-Marc pour tourner une scène de naufrage qui parodiait le film de Steven Spielberg Les Dents de la mer.

La version originale, celle de 1953, semble avoir disparue, à la suite des perturbations de la carrière de Jacques Tati.

Distribution

  • Jacques Tati : Monsieur Hulot
  • Nathalie Pascaud : Martine
  • Michele Rolla : la tante de Martine
  • Valentine Camax : l'Anglaise
  • Louis Perrault : Monsieur Fred
  • André Dubois : le commandant
  • Suzy Willy : l'épouse du commandant
  • Lucien Frégis : l'hôtelier
  • Raymond Carl : le serveur
  • René Lacourt : le promeneur
  • Marguerite Gérard : la promeneuse
  • Georges Adlin : l'américain du sud
  • Michèle Brabo : l'estivante

Fiche technique

  • Titre : Les Vacances de monsieur Hulot
  • Titre (sur l’affiche) : Les Vacances de M. Hulot
  • Réalisation : Jacques Tati
  • Scénario : Jacques Tati, Henri Marquet, Pierre Aubert et Jacques Lagrange
  • Producteur : Fred Orain (Cady films)
  • Directeur de la photographie : Jacques Mercanton
  • Montage : Jacques Grassi, Ginou Bretoneiche, Suzanne Baron
  • Musique : Alain Romans
  • Film noir et blanc
  • Durée : 96 minutes
  • Date de sortie : 25 février 1953 (France)

Distribution

  • Jacques Tati : Monsieur Hulot|M. Hulot
  • Nathalie Pascaud : Martine
  • Michele Rolla : la tante de Martine
  • Valentine Camax : l'Anglaise
  • Louis Perrault : Monsieur Fred
  • André Dubois : le commandant
  • Suzy Willy : l'épouse du commandant
  • Lucien Frégis : l'hôtelier
  • Raymond Carl : le serveur
  • René Lacourt : le promeneur
  • Marguerite Gérard : la promeneuse
  • Georges Adlin : l'américain du sud
  • Michèle Brabo : l'estivante

Récompenses

  • 1953 : Prix Louis-Delluc, Paris
  • 1953 : Prix de la critique internationale, Festival de Cannes
  • 1953 : Prix Femina, Bruxelles
  • 1953 : Prix du festival de Berlin
  • 1955: Golden Laurel award, Édimbourg
  • 1956: Meilleur film de l'année, Cuba
  • Ce film fait partie des 100 meilleurs filmsdes Cahiers du Cinéma (liste publiée en 2007)


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