Mon oncle

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Mon oncle , film français de Jacques Tati, sorti en 1958

Analyse critique

Monsieur et Madame Arpel habitent une maison remarquablement moderne dans un quartier aseptisé. Dans cet univers trop bien agencé, jeu, hasard et humour n’ont aucune place et leur fils Gérard s’y ennuie. Mais voilà que fait irruption son oncle, Monsieur Hulot, le frère de Madame, personnage décalé et inadapté. Sa fantaisie est mal vécue par son entourage, d’autant plus qu’il devient un modèle pour Gérard.

Monsieur Hulot navigue entre le vieux St Maur tout déglingué et le monde gris-bleu archi moderne des Arpel. les Arpel s’agitent sans fausse note, dorlotant leur maison toute bourrée d’objets modernistes que n'ont même pas encore été inventé 60 ans après.

La description de ces deux mondes parfaitement antithétiques est loin d’être une critique d’un modernisme exacerbé ou l’éloge d’un monde perdu. On ne doit voir dans la démarche du cinéaste ni passéisme, ni nostalgie. Tati offre un point de vue sur notre société, mais ce point de vue se pose comme une maquette. Le cinéaste s’affranchit du flot précipité de la vie, et par la lenteur de l’image en retire l’essentiel. La maison des Arpel, outrancièrement moderne est délibérément une fausse maison. Parallèlement, le marché St Maur offre un condensé de vie typiquement française : le vieux poissonnier grincheux, le bon français, la baguette sous le bras, le poivrot irrésistiblement attiré par le petit troquet.

Tati garde toujours une distance respectueuse par rapport aux choses. Il se contente, comme les enfants sages, d’effleurer le monde du bout des yeux. Et par la fréquence de ces plans d’ensemble, par l’habileté d’un montage lent qui va à l’encontre du cinéma comique, Tati offre sa propre vision du cinéma. Le spectateur auquel il s’adresse n'est pas un spectateur qui se tortille sur son siège, béat devant du tout-cuit ; mais un spectateur critique dont l’œil farfouille dans la jungle de l’image. Il faut être attentif devant un film de Tati, les choses sont bonnes à voir.

La structure dramatique de Mon oncle explicite cet exercice du regard. Malgré la simplicité du scénario, le récit s’ingénie à recouvrir la trame et à en briser la ligne par de multiples notes descriptives qui en troublent le mécanisme. Plutôt que l’habituel enchaînement des causes et des effets propres aux comédies, Tati choisit d’y substituer une mécanique distendue. Il insère entre les nœuds dramatiques de longues périodes d’observation grâce auxquelles l’effet comique gagne en force.

On rit dans ce film. D’un rire formidablement sympathique. Un amusement sans condescendance. On rit sans faire de morts derrière soi. Le rire des enfants tout à la joie de contempler.

Distribution

  • Jacques Tati : M. Hulot
  • Jean-Pierre Zola : M. Arpel
  • Adrienne Servantie : Mme Arpel
  • Alain Bécourt : Gérard Arpel
  • Lucien Frégis : M. Pichard
  • Dominique Marie : la voisine

Fiche technique

  • Réalisation : Jacques Tati
  • Assistants-réalisateurs : Pierre Étaix et Henri Marquet
  • Scénario et dialogues : Jacques Tati, Jacques Lagrange et Jean L'Hôte
  • Image : Jean Bourgoin
  • Musique : François Barcellini, Alain Romans, Norbert Glanzberg (non crédité), Georges Durban
  • Montage : Suzanne Baron
  • Sociétés de production : Specta-Films, Gray-Films, Alter-Films (Paris), Film del Centauro (Rome)
  • Durée : 110 minutes
  • Date de sortie : 10 mai 1958
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