Phoenix

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Phoenix film allemand réalisé par Christian Petzold, sorti en 2014.

Analyse critique

Le film se passe en Allemagne, à l’automne 1945. Nelly Lenz, une jeune femme juive, rentre à Berlin avec son amie Lene, qui la ramène chez elle après sa détention dans un camp de concentration. Si Nelly a échappé à la mort au camp, elle n’en a pas moins souffert de graves séquelles sur le corps et au visage. Une opération de reconstruction faciale lui permet de remédier à ses blessures, mais ses traits en sont transformés. Lene, qui travaille à l’Agence juive et qui fait tout son possible pour que Nelly aille mieux, entame des recherches dans les archives pour découvrir le sort des proches de Nelly. Elle découvre qu’aucun membre de sa famille n’a survécu.

À part Lene, personne ne sait que Nelly est encore en vie. Après avoir terminé les formalités d’héritage, Lene voudrait déménager en Palestine avec Nelly qui n’a pas l’intention de la suivre ; au lieu de cela, elle souhaite retrouver son mari Johnny. Comme Lene a appris que celui-ci était justement son dénonciateur et avait demandé le divorce immédiatement après l'arrestation de son épouse, elle réprouve fortement cette idée.

Nelly ne croit pas Lene quand elle affirme que Johnny l’a livrée aux Nazis et se met seule à la recherche de Johnny. Lorsqu'elle le retrouve dans la boîte de nuit Phoenix, Johnny ne la reconnaît pas étant persuadé que son ex-épouse est morte. Il ne remarque en elle que sa troublante ressemblance avec la défunte. Cela l’amène à lui proposer un marché : elle jouera son propre rôle afin de récupérer l’héritage qui lui revient. Nelly accepte.

L’intrigue du film se base sur le roman policier Le Retour des cendres (1961) d’Hubert Monteilhet et sur la nouvelle Ein Liebesversuch d’Alexander Kluge. De plus, le film Phoenix comporte les influences des films Sueurs froides d'Alfred Hitchcock et Les Yeux sans visage (1960) de Georges Franju. Comme le détective interprété par James Stewart, Johannes métamorphose une vivante en sosie d'une femme qu'il croit morte, sans savoir que la « copie » est « l'originale ». Il corrige ses postures , change sa coiffure, lui fait porter les habits chic de la Nelly d'avant. Et quand elle lui fait remarquer que personne ne croira revenue des camps une femme avec une robe de soirée rouge sur le dos, il lui répond que la sidération de la retrouver en vie sera plus forte. Et que personne ne lui posera de questions sur Auschwitz pour s'éviter l'effroi du souvenir. Phoenix se démarque cependant de Vertigo sur deux points : Johannes n'est plus amoureux de la femme qu'il tente de recréer et qu'il a sans doute trahie. Quant à Nelly, elle rêve d'être démasquée, pour que son mari finisse par reconnaître derrière son nouveau visage celle qu'elle fut, et qu'elle croit être encore.

Le réalisateur ne porte pas un jugement définitif sur Johnny. Sa trahison est probable, mais pas certaine. La demande de divorce qui semble la preuve la plus accablante n'en est pas une, car les conjoints de couples mixtes étaient quasiment obligés de déposer ce type de demande. Ce qui choque le plus Nelly, c'est que son mari n'éprouve aucun regret sur ce qui s'est passé et accueille avec effroi la révélation de sa véritable identité.

L’acharnement doublé d’aveuglement de Johnny à vouloir recréer sa femme idéalisée puis détruite, dans un but très matérialiste est une métaphore de l’opiniâtreté avec laquelle l’Allemagne se réédifia après le nazisme et la Shoah. Quelque chose est mort en Allemagne ; le pays est un phénix, certes, mais en même temps un spectre. Petzold opte pour une reconstitution dépouillée. Au-delà du sujet et de ses métaphores, le rééalisateur tente de réinsuffler de la magie romanesque dans le cinéma, contaminé par le réel et les médias.

Distribution

  • Nina Hoss : Nelly Lenz
  • Ronald Zehrfeld : Johny Lenz
  • Nina Kunzendorf : Lene Winter
  • Michael Maertens  : le médecin
  • Imogen Kogge  : Elisabeth
  • Kirsten Block
  • Uwe Preuss  : le propriétaire du club

Fiche technique

  • Réalisation : Christian Petzold
  • Scénario : Christian Petzold, Harun Farocki d'après le roman Le Retour des cendres de Hubert Monteilhet
  • Image : Hans Fromm
  • La chanson Speak Low tirée de la comédie musicale One Touch of Venus de Kurt Weill occupe une place centrale dans le film
  • Montage : Bettina Böhler
  • Dates de sortie : 25 septembre 2014 (Allemagne)
    • 28 janvier 2015 (France)
  • Prix international de la critique au Festival international du film de Saint-Sébastien
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